La situation humanitaire en République Démocratique du Congo (RDC), particulièrement dans l'Est, est alarmante. Une insécurité alimentaire croissante et des risques accrus pour les populations vulnérables, notamment les enfants. Cette crise multiforme est alimentée par des conflits armés, l'instabilité politique et exacerbée par un sous-financement de l'aide humanitaire.
Consciente de cette situation, la délégation de la RDC devant le conseil de sécurité de l'ONU a alerté sur le sous-financement du plan d'intervention humanitaire. Occasion pour Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires et premier conseiller à la Mission permanente de la RDC auprès de l'ONU, d'interpeller les donateurs et les bailleurs sur la nécessité d'appuyer le plan de réponse humanitaire.
“Les paragraphes 45 à 49 du rapport du Secrétaire général font état d'une situation humanitaire catastrophique. Dans la pratique, le plan d'intervention de la réponse humanitaire 2025 lancé conjointement le 27 février 2025 par le gouvernement et ses partenaires est jusqu'alors gravement sous-financé. Il est de même du besoin de financement révisé de 1.25 milliards USD qui ambitionne d'assister au moins 11 millions de personnes sur les 21.2 millions actuellement dans les besoins. Dans le contexte sécuritaire volatile de la partie Est de la République démocratique du Congo, l'un des plus grands défis demeure la mobilisation des fonds restants pour couvrir les immenses besoins. Nous saisissons cette tribune pour réitérer l'appel aux donateurs et autres bailleurs des fonds afin que le gap de de plus au moins 88,8% qui manque au financement global puisse être comblé”, a interpellé vendredi 27 juin 2025 Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires à la représentation permanente de la RDC.
Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo (RDC) est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.
Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de crise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.
Cette interpellation de la délégation congolaise intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.
Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.
Clément MUAMBA