Accord de paix Kinshasa- Kigali : la société civile congolaise s'inquiète de l'absence des débats au parlement

Photo d'illustration
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La société civile congolaise exprime sa « préoccupation » face à l'absence de débats publics au sein du parlement concernant le prochain accord de paix entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, alors que les députés nationaux et sénateurs sont déjà en vacances parlementaires.

Lors du lancement de la Synergie pour la Transparence des Processus de Paix (STP), une plateforme regroupant plusieurs associations de la société civile, les intervenants ont dénoncé ce qu'ils qualifient d'« opacité » dans la gestion de cette question par l'Assemblée nationale et le Sénat.

« Nous sommes très préoccupés que le parlement soit parti en vacances sans qu'il y ait eu de débats sérieux et soutenus sur les engagements que la République prend. Nous avons pensé, en tant que société civile, qu'à la veille de la signature de cet accord, il était naturel que le parlement en discute. Cependant, il y a eu une forme d'opacité et apparemment, le parlement ne joue plus son rôle de contrôle, son rôle constitutionnel qui est celui d'informer la population. Lorsqu'on nous parle de l'intégration conditionnelle, il s'agit à nouveau du brassage de la deuxième version... Quand on sait que notre parlement a pris une résolution interdisant l'intégration des groupes armés, il y a donc besoin de clarification et de transparence avant que le pays ne s'engage dans ce genre de processus », a déclaré Christian Moleka, représentant de la synergie.

Ce membre de la société civile rappelle la nécessité pour le parlement de convoquer une session extraordinaire, conformément aux lois du pays, avant la signature de cet accord entre Kinshasa et Kigali.

« Nous, en tant que société civile, souhaitons la recevabilité et la transparence dans ce processus de paix. Cela doit se faire à tous les niveaux », a-t-il ajouté.

Il a poursuivi :

« Autant il y a opacité à Doha ou à Washington, autant il y a opacité dans d'autres processus de paix. En tant que citoyens, nous devons savoir où notre pays nous mène. Nous avons besoin d'informations ; nous ne devrions pas nous informer uniquement en suivant les réseaux sociaux des Américains. Les Congolais doivent s'informer auprès de leurs dirigeants sur les avancées des processus. »

La STP invite donc le gouvernement de la République, le Parlement, la Conférence Épiscopale du Congo et l’Église du Christ au Congo (ECC), l'Union Africaine, l'EAC-SADC, ainsi que les États-Unis et le Qatar, qui ont tous été saisis par voie épistolaire, à garantir la transparence des initiatives en cours et la redevabilité sociale.

Elle a également annoncé avoir officiellement écrit aux congressistes américains et à la Conférence épiscopale américaine afin de solliciter une synergie citoyenne en vue d’un plaidoyer auprès des officiels américains pour que les points de vue des populations congolaises soient entendus et pris en compte.

Sous l'égide des États-Unis et avec l'observation du Qatar, la République Démocratique du Congo et le Rwanda, représentés par leurs experts, ont signé mercredi , un accord préliminaire de paix qui devrait être officialisé le 27 juin prochain.

L'accord prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le concept d’opérations (CONOPS) d'ici le 31 octobre 2024, tout en facilitant le retour des réfugiés et des personnes déplacées internes, et en garantissant l’accès humanitaire.

Samyr LUKOMBO