Depuis l'occupation d'une grande partie des provinces du Nord et Sud-Kivu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, le gouvernement congolais ne cesse de dénoncer l’installation de familles rwandaises sur le sol congolais. Ce qui confirme, selon Kinshasa, les accusations d’épuration ethnique et de repeuplement orchestrées par le Rwanda dans les zones sous contrôle de la rébellion de l'AFC/M23.
Le vice-premier ministre de l'intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières Jacquemain Shabani dit avoir rencontré récemment à Genève, les responsables du HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en vue de solliciter la réactivation de la tripartite HCR-RDC-Rwanda pour tirer au clair toutes ces questions.
"J'ai eu l'opportunité de me retrouver il y a deux semaines à Genève (Suisse) où j'ai eu une séance de travail avec les responsables du HCR. J'ai transmis la sollicitation de la République Démocratique du Congo qui veut qu’assez rapidement, le HCR puisse organiser la tripartite RDC-HCR-Rwanda qui est le cadre légalement connu dans le système de la gestion des populations réfugiées, pour qu'ensemble nous puissions nous retrouver dans ce cadre des discussions pour clarifier cette situation qui nous met dans beaucoup d'inquiétudes par rapport à nos populations", a déclaré Jacquemain Shabani vendredi 13 juin lors d’un briefing de presse.
Selon Jacquemain Shabani, "le Rwanda est en train de mettre en œuvre une politique de transplantation des populations étrangères les territoires occupés, principalement au Nord-Kivu, dans les territoires de Rutshuru et de Masisi où [les rebelles] y amènent des populations, les installent dans les villages, les collines".
"Il y a dans ces entrefaites aussi cette réalité de certaines populations déjà identifiées par le HCR comme des réfugiés rwandais vivant en République Démocratique du Congo depuis plusieurs années qui ont pris l'initiative de vouloir retourner dans leur pays parce que la zone dans laquelle ils vivaient en RDC se trouvent dans une insécurité due à la présence de toutes ces forces armées étrangères dont le Rwanda et ses supplétifs du M23 et dans cette même logique là, le Rwanda en profite pour transplanter dans le sens contraire des populations étrangères mais aussi il en profite sous prétexte fallacieux de cette fameuse campagne de la présence des FDLR en RDC, pour prendre des populations congolaises qui vivent dans les territoires de Rutshuru et de Masisi pour les emmener de force à des destinations inconnues", a souligné M. Shabani.
Fin février 2023 à la 52e Session du Conseil des Droits de l'homme à Genève , le Président Félix Tshisekedi a affirmé avoir demandé la tenue “urgente” d’une tripartite RDC-HCR-Rwanda afin que les deux Etats puissent définir les modalités pouvant permettre de rapatrier leurs ressortissants respectifs. À la suite de cet appel, près d'un mois après, la représentante du HCR en RDC, Angel Dikongue-Atangana avait dit à ACTUALITE.CD que son agence s’activait pour cette cause. Malgré des réunions des prises de contacts, il n'y a pas eu d'avancées significatives pour parvenir à cette tripartite tant souhaitée par la partie congolaise.
La présence des réfugiés congolais au Rwanda est utilisé par Kagame comme un prétexte pour mettre la pression sur Kinshasa à travers la rébellion de l’AFC/M23 d’une part; et la présence des hutus rwandais FDLR depuis 1994 en RDC est utilisée par Kigali pour mener l’invasion dans l’Est congolais. En 2023, le HCR avait estimé à environ 209 000, le nombre des réfugiés rwandais encore présents en RDC, contre environ 81 000 réfugiés congolais se trouvant au Rwanda.
Clément MUAMBA