La RDC élue au Conseil de sécurité de l'ONU : "Cela assure une visibilité internationale à un Etat dont l'impact dépend de sa réputation afin d'attirer l'attention des acteurs mondiaux" (Martin Ziakwau, docteur en R.I)

Une photo d'une réunion du conseil de sécurité des Nations unies
Une photo d'une réunion du conseil de sécurité des Nations unies

L'Assemblée générale des Nations-Unies a élu cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2026-2027. C'était lors de la 73e séance plénière de la 79e session des Nations-Unies mardi 3 juin 2025 à New-York aux États-Unis d'Amérique. Parmi les élus : la République démocratique du Congo et le Libéria, qui représenteront le continent africain ; le Bahreïn, voix de l’Asie-Pacifique ; la Colombie, figure montante d’Amérique latine ; et la Lettonie représentante du groupe d’Europe orientale dans l’organe exécutif de l’ONU.

Confrontée depuis le début de l’année à une offensive des rébelles de l'AFC/M23, soutenus par le Rwanda, dans l’est de son territoire, la République démocratique du Congo entend faire entendre la voix d'un pays en quête de la paix. Pour le Professeur Martin Ziakwau, docteur en Relations internationales, cette élection ne doit pas être perçue comme un motif de fierté mais plutôt une nécessité de la responsabilité qui incombe désormais à la République Démocratique du Congo.

"L'élection de la République Démocratique du Congo pour siéger au Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas tant un motif de fierté qu'une obligation imposée par la nécessité de mesurer la responsabilité incombant au Gouvernement. Cette situation interpelle, interrogeant sa capacité à peser dans les débats au sein de ce sanctuaire onusien, ainsi que sa crédibilité à y ouvrir des brèches diplomatiques", a fait savoir le Professeur Martin Ziakwau dans une note parvenue à ACTUALITE.CD

Et d'ajouter :

"Siéger au Conseil de sécurité ne confère aucun gain matériel immédiat à un État. En revanche, cela lui assure une visibilité internationale dont l'impact dépend, entre autres, de sa réputation (à bâtir ou à reconstruire), afin d'attirer utilement l'attention des acteurs mondiaux. L'histoire nous rappelle que c'est durant son mandat en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité en 1994-1995 que le Rwanda a été le théâtre d'un génocide tragique".

Pour ce docteur en Relations internationales, il est temps pour la RDC de se doter d'une politique extérieure au sens instrumental du terme. Occasion pour lui rappeler la nécessité d'organiser une nouvelle conférence diplomatique. À l'en croire, sans une véritable remise en question, il n'y aura pas de résultats escomptés à la fin du mandat.

"L'heure est donc à la vigilance accrue.Le Gouvernement doit se doter d'une politique extérieure au sens instrumental du terme, exigeant le renforcement de sa puissance d'actions pour exercer une influence réelle. Il est donc impératif qu'il convoque dans les plus brefs délais la 12ème conférence diplomatique. Si le Gouvernement parvient à tirer parti de cette élection en s'engageant dans une remise en question sérieuse et performante, il sera alors légitime de célébrer cet événement à la fin du mandat. En revanche, s'il se contente d'une simple figuration au Conseil de sécurité, cela ne manquera pas d'être une déception amère", a indiqué le Docteur en Relations internationales.

Selon les éléments d'informations contenus sur le site des Nations-Unies, les cinq nouveaux venus dont la République Démocratique du Congo remplaceront, au 1er janvier 2026, l’Algérie, le Guyana, la République de Corée, la Sierra Leone et la Slovénie, dont les mandats arrivent à échéance à la fin de l’année. Ils rejoindront les cinq membres non permanents déjà en poste pour l’année 2026 : le Danemark, la Grèce, le Pakistan, le Panama et la Somalie. Aux côtés des cinq membres permanents — Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie — ils composeront un Conseil de quinze États, théâtre quotidien d’alliances fragiles et de bras de fer diplomatiques.

D'après toujours la source citée, leur poids institutionnel reste limité par l’absence de droit de veto, monopole des cinq grandes puissances issues de l’après-Seconde Guerre mondiale. Mais leur rôle est loin d’être symbolique. Membres des comités de sanctions, coprésidents de dossiers sensibles, relais de coalitions transrégionales : les sièges non permanents sont des leviers d’influence à part entière.

Pays d’Afrique centrale, la République Démocratique du Congo a par le passé déjà été élue deux fois membre non permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) : pendant la période de 1982 à 1983, puis de 1991 à 1992. Selon les autorités congolaises, la RDC n'est pas nouvelle dans cet exercice et compte s'appuyer sur cette expérience.

Clément MUAMBA