CAN féminine/Maroc 2024 : Chemin de la croix pour les Léopards à Dar-es-Salaam

Photo Droits Tiers
Léopards dames

Les Léopards ont plié le genou (2-1) face aux Twiga Stars ce vendredi 30 mai 2025 à l’Azam Complex de Dar-es-Salaam. Le chemin de croix a été effroyable et épuisant pour les féminines tricolores. Les hôtes n’ont à aucun moment laissé de place aux Congolaises pour s’exprimer. Dans sa quête de donner du temps de jeu à tout son groupe, Hervé Happy a apporté du neuf dans son onze. L’intensité tanzanienne et leur manière d’acculer n’ont fait aucun cadeau aux arrivantes, titularisées pour la première fois, à l’instar d’Anastasia Soulac, Aliacla Sweye et Eva Sumo.

Sumo, repositionnée plus haut dans le 4-3-3 du Franco-camerounais, va déclencher une artillerie qui obligeait dès la 7e minute… D’un mano-à-mano, Fideline Ngoyi s’invitait pour sauver les meubles à trois reprises successives : deux face-à-face brillamment négociés devant Clara Luvanga aux 9e et 10e minutes. Le coup de poignard du dossard adverse était également sorti sur la ligne par Bénie Kubiena, après une déviation de la capitaine sur la trajectoire. Dans ce premier quart d’heure, les Twiga Stars monopolisaient de manière invraisemblable le cuir et prenaient le jeu à leur compte.

Les Léopards, cueillies à froid, laissaient les interlignes très perméables, à leur grand dam. Elles étaient exposées à encaisser l’ouverture du score, malgré les sursauts notés aux 17e et 18e minutes, à la suite de belles séquences de construction entre Anastasia Soulac et Gloria Mabomba. La championne du groupe A en D3 française décrocha pour densifier le milieu, mais la bataille y était rude et perdue pour ses coéquipières.

Luvanga, très remuante dans ses appels, échouait encore devant Fideline, qui pour la troisième fois barrait la route à une situation de but farouche à la 21e minute. La coéquipière de Kipoyi à Al Nassr Ladies, dans un premier quart d’heure sans, se grinçait des dents avant de voir finalement le bout du tunnel à la 28e minute. Son duo avec sa capitaine Opa Clément prenait le dessus sur Kubiena et compagnie avec une passe dévastatrice entre les intervalles. Dans la virevoltance, les débordements, les permutations, la folie sur les ailes : ces deux-là furent foudroyantes. Ce vide n’a pu être comblé côté congolais, avec les absences très remarquées d’Exaucée Kizinga, Ruth Kipoyi et Naomie Kabakaba qui affectionnent et se délectent au mieux dans ce registre. Kanjinga, dans l’axe, s’est vue orpheline de ballons bien dosés à sa destination, hormis quelques louches.

Dans le dur, les filles de la RDC n’ont pas renoncé à leurs efforts. Elles ont multiplié les tentatives, même si les offensives tanzaniennes ne lâchaient pas d’un iota. Le danger devenait de plus en plus présent, malgré une intervention décisive de Djanae Longo à l’heure de jeu : montée à la place de la capitaine Fideline. La gardienne de l’AS Cannes assurait bien ses arrières pour mettre les siennes à l’abri. Hervé Happy eut raison de faire tourner son effectif avec les entrées de Nyota Katembo, Déborah Ngalula, Esther Dikisha et Daniel Ngoyi, en lieu et place de Kanjinga, Sweye, Soulac et Pambani.

Ce coup de maître paya à la 71e minute : Marlène Kasaj, d’une malice rare, dose une louche pour Dikisha, partie à la limite du hors-jeu, de dos, et qui n’eut qu’à fixer Abas au premier poteau pour égaliser. Une connexion merveilleuse entre deux pensionnaires de la grande famille TP Mazembe. But célébré avec ardeur, à l’image du chemin de croix qu’elles auront parcouru.

Dans la douleur, oui, puisque Bénie Kubiena, capitaine courageuse, réussissait à sortir un ballon qui filait droit dans une cage vide à la 74e minute. Djanae Longo dira niet à Clara Luvanga, coup pour coup. Sa main gauche fut messianique sur cette action dangereuse. Malheureusement, elles ne tiendront pas longtemps avant de céder. Pour son doublé, Luvanga profita d’une sortie hasardeuse de Longo pour reprendre le centre assassin de Donisia Minja et éteindre les Léopards à la 89e minute.

Le chemin de croix se poursuit pour les féminines. Elles colmatent les brèches dans la douleur, avec ces oppositions amicales au nombre de sept depuis mai 2024 sans victoire notable. Ce sont les douleurs de l’enfantement d’un groupe qui est en train de se former, avec l’ambition d’aller chercher l’impossible en ouverture de la 15e Coupe d’Afrique des Nations féminine, le 5 juillet, contre les hôtes : les Lionnes de l’Atlas du Maroc. Elles peuvent toutefois rebondir mardi 3 juin sur le même terrain, pour se donner du peps avant un autre stage annoncé à la mi-juin.

Jenovic Lumbuenadio