Guerre à l’Est de la RDC : Félix Tshisekedi instruit le gouvernement d’identifier les structures créées ces dernières années et attend des propositions de suppression ou de réconfiguration pour rationaliser les finances publiques

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Félix Tshisekedi

Dans un contexte d’agression rwandaise dans l’Est de la République démocratique du Congo, le président Félix-Antoine Tshisekedi a exhorté le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour redresser les finances publiques. Il a souligné que ce conflit entraîne une augmentation significative des dépenses sécuritaires dans un contexte de ressources limitées.

Lors de sa communication à la 42ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 2 mai 2025 à la Cité de l’Union africaine, le chef de l’État a insisté sur la nécessité d’un contrôle rigoureux du cadre macroéconomique, en vue de créer les conditions d’une relance économique durable par des mesures d’assainissement budgétaire.

"Le président de la République a souligné que l’amélioration des finances publiques par cette voie aura un impact significatif sur la situation monétaire, en facilitant le maintien d’une politique monétaire restrictive, contribuant ainsi à la maîtrise de l’inflation et à la stabilité du taux de change", rapporte le compte rendu de la réunion.

Félix Tshisekedi a également rappelé les engagements pris par la RDC auprès des institutions de Bretton Woods, notamment le FMI, dans le cadre de programmes appuyés par la Facilité élargie de crédit et la Facilité pour la résilience et la durabilité.

De manière concrète, le président a demandé au gouvernement de lancer un processus d’identification des structures créées ces dernières années, notamment au sein des ministères. L’objectif est d’analyser leur valeur ajoutée au regard des ressources qui leur sont allouées, aussi bien en dépenses directes provenant du Trésor public qu’en ressources publiques indirectes. Il a précisé que son propre cabinet est également concerné par cet exercice de rationalisation.

"À l’issue de cette évaluation, des mesures allant de la suppression pure et simple à la réconfiguration optimisée de certaines structures seront envisagées. Nous devons être conscients qu’une offre économique innovante est indispensable pour dégager les ressources nécessaires aux projets structurants susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population. Cette offre économique ne saurait être dissociée d’un redressement réfléchi, efficace et durable de nos finances publiques", a recommandé le président Tshisekedi.

Depuis son accession à la magistrature suprême, Félix Tshisekedi a multiplié les créations d’agences rattachées à la Présidence de la République. En mars 2020, alors que le pays faisait face à la pandémie de Covid-19, il avait signé des ordonnances créant notamment :

  • l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC),
  • le Conseil présidentiel d’éveil stratégique (CPVS),
  • l’Agence congolaise de la transition écologique et du développement durable.

D’autres structures ont suivi :

  • l’Agence pour le développement du numérique,
  • l’Agence pour l’amélioration du climat des affaires,
  • l’Office national de pêche et d’aquaculture (ONPA),
  • la Caisse de solidarité nationale et de gestion des catastrophes humanitaires,
  • l’Autorité de contrôle et de régulation des marchés des substances minérales stratégiques,
  • le Corridor de développement industriel (DGCDI), entre autres.

Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la nécessité de ces structures, alors que le pays est appelé à réduire le train de vie des institutions. La démarche actuelle du chef de l’État pourrait donc être saluée par les organisations de la société civile engagées pour la bonne gouvernance.

Bien avant cette nouvelle instruction, le président Tshisekedi avait déjà ordonné, le 31 janvier dernier, la réduction des dépenses publiques en réponse à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Depuis, le gouvernement a notamment revalorisé la solde des militaires et policiers engagés dans la défense de l’intégrité territoriale.

Clément MUAMBA