Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé lundi sa « profonde préoccupation » face à la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, où toutes les parties au conflit sont accusées de violations graves du droit international humanitaire et des droits humains.
Dans une mise à jour orale présentée au Conseil des droits de l’homme à Genève, Volker Türk a évoqué les conclusions préliminaires de la Mission d’établissement des faits couvrant la période depuis janvier 2025. Il a dénoncé un usage disproportionné de la force, des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture, des violences sexuelles, des enrôlements forcés, y compris d’enfants, ainsi que des attaques contre des hôpitaux.
Le M23, soutenu par le Rwanda selon l’ONU, a notamment mené une offensive sur Goma en janvier, utilisant des armes lourdes contre des zones densément peuplées. Après le repli des FARDC, des éléments de l’armée congolaise et des milices Wazalendo auraient également commis des exactions : meurtres, viols, pillages.
La mission fait état de détentions arbitraires, de conditions inhumaines dans des camps militaires et de lieux de détention informels, notamment à Rumangabo. Des exécutions extrajudiciaires ont été rapportées de part et d’autre.
Le Haut-Commissaire souligne que 40 % des survivants des violences sexuelles recensées sont des enfants. L’UNICEF estime qu’un enfant a été violé toutes les 30 minutes au plus fort du conflit. Ces violences ont souvent été commises en représailles contre certaines communautés ou les proches d’opposants présumés.
L’ONU signale également la destruction d’infrastructures de santé, les menaces contre les personnels humanitaires et les journalistes, ainsi que la réduction de l’accès à l’eau, à l’éducation et aux soins pour des centaines de milliers de déplacés. Volker Türk a mentionné une attaque contre deux hôpitaux à Goma en février par des combattants du M23, avec 121 patients enlevés – la plupart toujours introuvables.
Le Haut-Commissaire appelle à un cessez-le-feu immédiat, au retrait des troupes rwandaises, à la fin du soutien au M23 et à la relance des négociations. Un rapport détaillé sera soumis au Conseil et à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.