Pendant un mois, soit du 24 mars au 24 avril, le Centre Hospitalier Neuropsychiatrique de Goma, anciennement connu sous le nom de Centre de Santé mentale Tulizo Letu, organisera une campagne des consultations gratuites pour venir en aide aux personnes souffrant des troubles psychologiques, exacerbés par les tensions et difficultés actuelles liées à la suite de la guerre fin janvier entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles de l’AFC/M23. Cette guerre a fait plus de 4 000 morts selon les divers bilans communiqués.
La vie n’est toujours pas revenue à la normale à Goma après la guerre. La ville traverse une période extrêmement difficile. L’initiative du CHNP vise à offrir un accompagnement spécialisé à tous ceux qui éprouvent des difficultés émotionnelles ou mentales, selon la docteure Neema Kahatwa, médecin psychiatre au sein de cet établissement.
« Nous avons décidé, en raison des difficultés traversées par la population de Goma et de ses environs, de lancer une campagne de prise en charge psychiatrique et psychologique. Nous savons à quel point les conflits armés affectent la santé mentale et physique des individus », a déclaré Dr Neema Kahatwa, médecin psychiatre au centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma.
Dans un communiqué officiel publié le 18 mars 2025 dernier, le centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma a mis en lumière plusieurs signes indicatifs de détresse psychologique nécessitant une prise en charge. Parmi ces symptômes, on retrouve l’insomnie, l’irritabilité, une anxiété persistante, la perte d’intérêt pour des activités quotidiennes, ainsi que des pensées suicidaires. L’usage excessif d’alcool ou de drogue constitue également un indicateur important, tout comme les troubles de mémoire, la fatigue chronique, les douleurs inexpliquées, ou encore les souvenirs envahissants liés à des événements traumatisants.
« Toute personne qui souffre d'insomnie, qui a des difficultés à se concentrer, qui est constamment irritable, qui éprouve des sensations de panique, qui a perdu confiance en elle, qui manque d'appétit, qui souffre de douleurs généralisées inexpliquées, ou qui ressent une fatigue persistante, est invitée à venir consulter. Nous mettons également l'accent sur ceux qui sont tombés dans une consommation excessive d'alcool ou de drogue. Nous encourageons toute personne ressentant ces symptômes à venir pour une prise en charge appropriée », a lancé Dr Neema Kahatwa.
Le centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma réaffirme son engagement pour le bien-être mental de la population en soulignant que la santé mentale est indissociable du bien-être général. Une prise en charge rapide et adaptée permet d'éviter l’aggravation de ces troubles et de prévenir des complications graves. En ce sens, cette campagne de consultations gratuites représente une occasion pour la population de bénéficier d’un suivi précoce.
Cette initiative permettra aux habitants de la ville de Goma et ses environs de bénéficier d'une évaluation et d'un traitement spécialisés, assurés par des psychiatres, des psychologues et d’autres professionnels de la santé mentale. Toutes les consultations seront menées dans un cadre confidentiel, garantissant le respect de la vie privée des patients.
« Il n'y a pas de limite de nombre de personnes concernées. Toute personne qui se sent affectée peut venir consulter pour bénéficier d'une prise en charge. Nous n'allons pas nous limiter aux consultations psychiatriques et psychologiques, car des examens comme l'électroencéphalogramme (EEG) pourront également être réalisés », a-t-elle ajouté.
Le centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma est géré par la congrégation des frères de la charité de l’Église catholique, et dispose d’une équipe pluridisciplinaire formée de médecins neuropsychiatres, de médecins généralistes, de psychologues, d’infirmiers spécialisés en santé mentale, d’assistants sociaux et de personnel administratif. Cette structure d’une capacité de 80 lits reçoit des patients non seulement des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et de l’Ituri, mais aussi des pays voisins.
Josué Mutanava, à Goma