Dialogue en vue en RDC: "Ne perdons plus du temps si nous voulons sauver notre pays" (Fridolin Ambongo)

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Le Cardinal Fridolin Ambongo

À la suite du sommet conjoint de la communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC) et la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) au cours duquel les Chefs d'État et gouvernement ont lancé un appel unanime à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » et à la fin des hostilités dans l'est de la RDC, le Cardinal Fridolin Ambongo s'est montré également favorable au dialogue avec les différentes parties pour tenter de juguler la crise sécuritaire actuelle en RDC.

Dans son homélie à la messe de ce dimanche 9 février 2025 consacrée à la paix et au réconfort des victimes dans l'Est de la RDC, l'archevêque métropolitain de Kinshasa estime qu'il est temps de passer aux actions en mettant en pratique la stratégie du dialogue. Pour lui, il n'y a plus de temps à perdre et il faut sauver la nation.

"Dialogue, c'est le mot sacré, c'est le maître mot qui peut nous aider à sortir de notre situation actuelle. Nous trouverons des solutions à nos crises qui durent depuis des décennies en dialoguant même avec ceux-là que nous considérons comme les ennemis. Allez en profondeur signifie aussi que tous acceptent de s'asseoir autour de la même table et règlent leurs différends par le dialogue selon la palabre africaine. La nation est en danger, chaque minute qui passe est cruciale, ne perdons plus du temps si nous voulons sauver notre pays", a plaidé le Cardinal Fridolin Ambongo.

Fridolin Ambongo a vanté le projet de sortie de crise porté par l'église catholique et l'église protestante.

"Abandonnons cette superficialité, et sur la parole de Dieu osons aller en profondeur, la pêche miraculeuse peut se produire si nous adhérons notamment au pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble proposé par la CENCO et l'ECC.  Allez en profondeur c'est consentir à l'appel des églises catholiques et protestantes qui demandent aux belligérants d'abandonner les armes et de rechercher une solution aux revendications par le dialogue", a ajouté Fridolin Ambongo.

À l’issue du sommet conjoint EAC-SADC organisé à Dar-es-Salam, en Tanzanie, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, les Chefs d’État  et de gouvernement de deux blocs sous-régionaux ont pris une série d’importantes décisions  avec effet immédiat qui répondent à l’urgence humanitaire, au besoin pressant d’une désescalade et aux attentes de Kinshasa pour venir en aide aux populations meurtries de Goma, au Nord-Kivu.

Selon le communiqué final, le Sommet a notamment décidé de la cessation des hostilités et d’un cessez-le-feu immédiat et sans  conditions auxquels les partis étatiques et non étatiques sont tenues, la réouverture de l'aéroport de Goma et des principales voies d'approvisionnement terrestres et lacustres permettant l'acheminement de l'aide humanitaire ainsi que le rapatriement des militaires décédés et de l’évacuation des blessés.

D’autres décisions découlant de cette rencontre concernent l’élaboration d'un plan de sécurisation de la ville de Goma et des zones environnantes, la rencontre des Chefs d’État-major des armées de l’EAC et de la SADC dans 5 jours  pour vérifier l’application et la mise en œuvre des décisions prises, le renforcement de la coordination et la complémentarité structurelle des Processus de Nairobi et de Luanda ainsi que l’ajout  des facilitateurs venant même d’autres régions d’Afrique pour aider à la fusion des deux Processus.

Par ailleurs, poursuit le communiqué final, le Sommet conjoint a appelé à la mise en œuvre du concept d’opérations du plan harmonisé de neutralisation des FDLR et la levée des mesures défensives du Rwanda ainsi que  le désengagement des Forces du territoire congolais tel que prévu par le Processus de Luanda. Il a par ailleurs demandé la tenue d’ une réunion conjointe des ministres des deux blocs dans les 30 jours pour évaluer et accompagner toutes ces décisions  ainsi que  l’élaboration et la mise en œuvre des modalités de retrait des Forces étrangères non invitées sur le territoire congolais.

Clément MUAMBA