RDC-Goma: les blessés continuent d’affluer dans les hôpitaux, alerte MSF

Photo ACTUALITE.CD.

Médecins Sans Frontières s'inquiète de l'afflux continu de blessés dans l’hôpital de Kyeshero, après les affrontements du 26 au 28 janvier, entre les forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles M23  dans la ville de Goma, au Nord-Kivu. 

Selon le MSF, 142 patients au total ont été pris en charge jeudi dernier, et  37 blessés reçus pour la seule journée du mardi, dont la moitié sont des civils et en majorité des femmes. La plupart des blessures sont liées à des éclats d’obus, d’autres patients ont été blessés par balles.

“A l’hôpital de Kyeshero, une balle a traversé le toit du bloc opératoire au cours d’une opération”, souligne depuis Goma Virginie Napolitano, coordinatrice d’urgence de MSF au Nord-Kivu.  

L’organisation indique qu’après une accalmie observée ce mercredi  à Goma, elle va évaluer les capacités d’appui suite aux pillages de ces derniers jours, en vue de réapprovisionner les stocks et renforcer l’offre de soins d’urgence.

“Plusieurs de nos stocks de matériels et de médicaments ont été pillés, mettant en péril notre appui médical dans et en dehors de Goma. Les pillages armés ont aussi affecté nos collègues vivant à Goma. L’un d’entre eux a même été blessé par balle chez lui lors d’une telle agression. Et d’autres organisations et structures médicales ont été touchées également par des tirs. C’est totalement inacceptable” , a-t-elle ajouté.

Pour atténuer  la situation, une équipe de MSF affectée à l’hôpital de Kyeshero indique avoir collaboré avec l’hôpital de Ndosho où s’activent les équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

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Le MSF soutient que cette situation de guerre combinée à l’insécurité alimentaire favorise également un déplacement accru des dizaines de milliers de personnes venues s'ajouter aux 650 000 personnes installées depuis plus de deux ans dans les camps autour de Goma.

« L’impact de ces combats sur la population civile est gigantesque. Au-delà des blessés et des morts, nous recevons des informations accablantes des camps de déplacés où nos équipes ne parviennent plus à aller”, explique Stephan Goetghebuer, chef de programmes MSF au Nord-Kivu. “Dans le site de déplacés de Kanyaruchinya, le centre de santé que nous soutenons continue de fonctionner mais l’équipe a vu deux enfants mourir cette semaine faute de possibilité de les référer vers une structure hospitalière ».

Par ailleurs, l’aggravation de l’insécurité et les combats intenses ont contraint MSF à réduire temporairement ses équipes actives à Goma et dans les camps de déplacés situés en périphérie de la ville. Les repas assurés par l’organisation aux patients et aux familles sont actuellement menacés. L’insécurité, les risques de pillage, et la fermeture des routes empêchent ses équipes de réapprovisionner le stock alimentaire, qui ne couvre que deux à trois jours.

MSF appelle d'urgence les parties en conflit à pouvoir protéger les civils, à respecter les règles du droit international humanitaire, en particulier le respect de la mission médicale, et garantir un accès humanitaire pour apporter une aide médicale essentielle à la population.

Grâce GUKA