Activisme de la milice Mobondo à l'ouest de la RDC : le gouvernement appelé à rechercher les "vraies causes" et les "vrais acteurs" pour un dialogue inclusif avec des résolutions applicables et opposables à tous

Photo d'illustration
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L'activisme de la milice Mobondo continue de détériorer la situation sécuritaire et humanitaire dans le territoire de Kwamouth, dans la province de Mai-Ndombe, et dans la commune rurale de Maluku, à Kinshasa. C'est ce qu'a affirmé la Commission Diocésaine Justice et Paix de l'Archidiocèse de Kinshasa (CDJP-KIN) dans son rapport présenté jeudi 23 janvier 2025 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

Selon ce rapport, cette crise a causé la mort de plus de 3000 personnes, déplacé 550 400 personnes et entraîné la rebaptisation de plusieurs villages. Pour rétablir la paix dans cette partie de la RDC, la CDJP-KIN appelle les autorités congolaises à analyser la véritable nature de cette crise, à inclure les acteurs clés dans un dialogue constructif, et, d'autre part, à accentuer la pression militaire sur les parties résistantes afin de restaurer l'autorité de l'État et protéger les populations locales.

« Au ministère de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières : tout en saluant les efforts de Son Excellence Monsieur le VPM, ministre de l'Intérieur, nous l'encourageons, ainsi que les acteurs de paix, à continuer de rechercher les vraies causes et les vrais acteurs pour un dialogue inclusif dont les résolutions seront applicables et opposables à tous. Au ministère de la Défense nationale et Anciens combattants : l'armée doit s'activer pour déloger les Mobondo de leurs bastions identifiés et dont les soi-disant généraux sont bien connus. Certains sont même en contact permanent avec le Président de la République », a déclaré Sœur Perpétuée Makiesse, Directrice Diocésaine de la Commission Justice et Paix, en lisant le rapport.

Recommandations aux autorités
Face à la gravité de la situation, des recommandations ont été formulées à plusieurs ministères et à l'Assemblée nationale.

  • Ministère des Affaires Sociales et Solidarité : venir en aide aux populations victimes des atrocités, particulièrement dans le Plateau de Bateke, le Kwango, et le Kwilu.
  • Ministère de la Justice et Garde des Sceaux : organiser des procès publics pour décourager ceux tentés de rejoindre les rangs des Mobondo.
  • Assemblée nationale : initier une enquête parlementaire pour identifier les responsables derrière cette crise et proposer des recommandations efficaces au gouvernement.

Un conflit ignoré par les autorités et la population
Samuel Ntumba, chargé du projet Lisanga pour la Commission Justice et Paix, a déploré l’indifférence des autorités et de la population face à cette crise.

« C'est une situation oubliée. La plupart des habitants de Kinshasa ignorent que cette crise est arrivée jusqu'à Maluku, à la porte de la capitale. On en parle uniquement lors des grandes tueries, puis tout retombe dans l'oubli. Pourtant, il y a de nombreuses victimes, tant civiles que militaires, alors que ces derniers sont nécessaires à l'Est. Ils meurent gratuitement ici à l'Ouest faute de stratégies efficaces pour mettre fin à cette aventure », a-t-il plaidé.

Origine de la milice Mobondo et échec des opérations militaires
La milice Mobondo est née d’un conflit entre les communautés Teke et Yaka dans le territoire de Kwamouth, en Mai-Ndombe. Pour y mettre fin, les Forces armées de la RDC avaient lancé l'opération Ngemba ("la paix") sur instruction du gouvernement, visant à traquer ces miliciens dans le Grand Bandundu, une partie du Kongo Central et de Kinshasa.

Cependant, malgré ces efforts, les résultats escomptés ne sont pas encore visibles sur le terrain. La CDJP-KIN appelle les autorités compétentes à prêter une attention particulière à cette crise, soulignant que ce conflit ne peut plus être réduit à une simple querelle sur une taxe foncière.

Clément MUAMBA