Kinshasa : manifestation des commerçantes du port Onatra pour protester contre la présumée vente de leur marché aux expatriés

Manifestation des commerçantes du port Onatra
Manifestation des commerçantes du port Onatra

Les vendeuses de tous les produits vivriers du port de l’Office national de transport (Onatra) ont manifesté, ce lundi 25 novembre, pour protester contre la présumée vente de leur marché par des investisseurs indiens. Ils ont fait irruption dans le bâtiment de l'hôtel de ville de Kinshasa notamment, avant de se diriger vers l’hémicycle de l’Assemblée provinciale à quelques mètres de là. 

Ces femmes, munies de leurs paniers des poissons fumés, dénoncent la vente du port « Ngbaka », l'axe compris entre le port Apollo et Baramoto, leur lieu du commerce. Dans leurs chansons, elles citent nommément le directeur général de l'Onatra, Martin Lukusa, d'avoir signé un contrat avec les expatriés.

« c'est depuis jeudi dernier que les autorités portuaires nous ont informés qu'on ne doit plus poser nos pieds sur le port Ngbaka à partir de ce mercredi 28 novembre. Sachant que vendredi il n'y a pas d'engouement dans des bureaux, voilà pourquoi nous sommes venus ce lundi pour manifester notre désaccord aux autorités », a expliqué l'une des vendeuses.

Une manifestante nous a relaté le calvaire auquel les parents font face ces derniers temps et s'est interrogée sur le mobile de leur déguerpissement.

« La classe des enfants, les fêtes du nouvel an, où allons-nous vendre pour vivre ? Martin Lukusa a vendu ce port. Nos époux n'ont pas de travail, c'est grâce à ce travail que mes enfants étudient que ce soit à l'école ou à l'Université (...). Kinkole et Maluku sont là, il ne peut vendre ces espaces aux Indiens ? Qu’i'ls nous vendent aussi nous-mêmes. Papa Tshisekedi avait dit le peuple d'abord. Ce peuple souffre, laissez nous vendre car les vivres frais tuent ! C'est le seul port que nous avons. Maintenant ce sont des expatriés qui sont devenus les autorités de ce pays, nous demandons qu'on nous restitue notre lieu de commerce. On ira nulle part », s'est-elle indignée.

Exaspérée, cette sexagénaire se demande où sont les responsabilités dans cette forfaiture, et s'interroge finalement si un Congolais pouvait aussi acheter les espaces occupés par les nationaux dans un pays étranger.

 

« Pourquoi nos autorités accordent beaucoup d'intérêt aux étrangers. Nous voulons seulement vendre. Qu'il restitue l'argent de ces expatriés. Ça fait plus de 20 ans que je vends dans ce port là », s'est-elle interrogée.

Une autre vendeuse a, pour sa part, demandé au gouverneur Daniel Bumba de trouver une solution idoine à ce problème qui dérange profondément.

« C'est notre pays. Quand ils veulent nous déguerpir, c’est pour que nous partions où ? C'est le seul port de la capitale où l'on vend tous les produits: poissons et biens venant du fleuve. Ça fait plus de 10 ans que je vends ici. Tous mes enfants sont les fruits de ce port », a-t-elle déclaré.

Soulignons aussi que quelques manifestants ont été appréhendés par les forces de l'ordre au cours de cette manifestation. 

César OLOMBO