Le mécanisme de vérification ad-hoc renforcé (MVA-R) du processus de Luanda a été lancé officiellement ce mardi, 5 novembre à Goma (Nord-Kivu), entre la RDC et le Rwanda. C'était en présence de la ministre congolaise des affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner et de son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, sous la médiation du chef de la diplomatie angolaise, Téte Antônio. La représentante du Secrétaire général des Nations-Unies en RDC, Bintu Keïta ainsi d’autres diplomates accrédités en RDC ont également été associés à ces assises de Goma. Selon le ministre angolais des affaires étrangères, Téte Antônio, le MVA-R vise à assurer un suivi impartial des accusations mutuelles d’agression et d'attaque, afin de consolider une collaboration pour la stabilité de la région.
« C'était pour mettre en œuvre une décision que nous avons prise sous le leadership du Président Joao Lourenço, le médiateur désigné par l'Union africaine, décision de renforcer le mécanisme de vérification ad hoc qui était déjà là, qui était déjà en fonction. Étant donné les impératifs du moment et aussi les résultats que nous souhaiterons atteindre, il a été décidé qu'il soit renforcé. Nous avons aussi décidé que nous devions le lancer, au plus tard le 5 novembre. C'est ce que nous avons fait aujourd'hui. Nous avons lancé le mécanisme de vérification ad hoc pour pouvoir aider le processus de Luanda à atteindre ses objectifs. Il a été aussi question que durant ce lancement, les nouveaux membres du mécanisme de vérification ad hoc renforcé soient présentés et c'est ce qui a été fait », a déclaré à la presse, le chef de la diplomatie angolaise, Téte Antônio.
Les nouveaux membres intégrés dans ledit mécanisme sont trois officiers de liaison de la RDC et trois autres officiers de liaison du Rwanda. La réunion de Goma a insisté sur le respect du cessez-le-feu, alors que des affrontements sont signalés sur différents fronts notamment dans les territoires de Walikale, Masisi et Lubero.
« Le plus important, c'est surtout de faire en sorte qu'on arrive à la paix et le seul chemin c'est de rendre à cette région ce qui lui revient. Ce qui lui revient c'est d'être une région riche et la paix qu'elle mérite, qu'on mette enfin fin à la souffrance des populations qui sont là. Nous avons aussi tous insisté sur la nécessité du respect du cessez-le-feu et nos collègues du mécanisme de vérification ad hoc, sûrement, le feront et nous aideront à atteindre ces objectifs et dire que ceux qui insistent sur les armes, c'est le mauvais chemin. Le bon chemin, c'est la recherche de la paix et c'est le devoir qui nous a été incombé par les trois présidents. Ils nous ont confié cette mission pour que nous puissions faire revenir la paix, non seulement dans l'Est de la RDC mais surtout dans la région des grands lacs. C'est tout ce que la population attend de nous », a expliqué le ministre angolais des affaires étrangères.
Depuis la rébellion du M23 de 2012, il existe à Goma, un mécanisme conjoint de vérification à la suite au conflit persistant entre la RDC et le Rwanda.
La société civile insatisfaite
Les acteurs de la société civile du Nord-Kivu, également associés à cette initiative diplomatique se sont dits déçus tout en déplorant “l’hypocrisie” du Rwanda qui soutient les rebelles du M23 qui poursuit son offensive en violation du cessez-le-feu.
« Nous ne voyons pas de signaux clairs pour dire qu'on va respecter ce qu'on vient de dire ici et surtout que, j'insiste encore une fois, il y avait vraiment beaucoup d'ambiguïtés dans les propos du ministre rwandais des affaires étrangères. Il a dit qu'ils vont vérifier les relations entre les deux pays et enfin il a dit qu'ils vont lever des mesures de défense. C'est quoi ces mesures de défense ? Pourquoi il n'a pas dit clairement qu'ils vont retirer les RDF sur le sol congolais ? Ces assises ne nous rassurent en rien parce que vous vous rappelez, après la signature de la feuille de route en Angola, il y a eu des discussions qui se sont suivies mais après ça, Kalembe est tombé. Aujourd'hui c'est Kamandi qui est tombé. Hier, c'était des affrontements au niveau de Kahira », a déploré Jean Claude Bambanze, président de la société civile de Rutshuru en déplacement à Goma depuis la résurgence du M23.
Il exige par la même occasion des sanctions contre ceux qui violent le cessez-le-feu et le retrait effectif des militaires rwandais du sol congolais.
Le MVA-R est l’une des recommandations de la réunion des experts des organes de défense et de sécurité congolais et rwandais tenue à Luanda le 31 octobre dernier. La réunion avait également adopté par consensus, la proposition de concept d’opérations (CONOPS) qui vise l’opérationnalisation du plan harmonisé de neutralisation des FDLR et le désengagement des forces rwandaises, conformément au mandat confié par la réunion ministérielle du 12 octobre 2024.
Jonathan Kombi, à Goma