Depuis le début de l'année 2024, l'armée rwandaise et les rebelles du M23 ont mené au moins cinq attaques illégales contre des camps de déplacés et des zones densément peuplées autour de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), selon un rapport publié par Human Rights Watch (HRW). Ces attaques, impliquant des tirs d'artillerie et de roquettes, ont fait de nombreuses victimes civiles et aggravé la situation humanitaire dans une région déjà fragile.
HRW a documenté ces frappes entre janvier et mai 2024, notamment sur les camps de Bulengo, Bushagara, Kanyaruchinya, Lushagala, Mugunga (également connu sous le nom de « 8ème CEPAC ») et Shabindu-Kashaka. Le 3 mai, une des attaques les plus meurtrières a touché le camp 8ème CEPAC, tuant au moins 17 civils, dont 15 enfants, à la suite de tirs de roquettes. D’autres frappes ont détruit des abris, blessé plusieurs personnes et provoqué des déplacements massifs de populations.
Selon Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur l’Afrique à HRW, les civils et les déplacés vivent dans une terreur constante, pris au piège entre les forces rwandaises, les rebelles du M23 et les Forces armées de la RDC (FARDC), qui installent des positions d'artillerie à proximité des camps, les exposant ainsi à des ripostes violentes.
« Le Rwanda et la RDC doivent cesser de soutenir des groupes armés responsables d’abus, respecter leurs obligations en vertu du droit de la guerre, et permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire », a déclaré de Montjoye.
HRW affirme que ces attaques sont des violations flagrantes du droit international humanitaire, qui interdit les attaques délibérées ou indiscriminées contre les civils. Les forces rwandaises et le M23 ont utilisé de l'artillerie lourde dans des zones densément peuplées, sans prendre les précautions nécessaires pour épargner les civils, aggravant ainsi la crise humanitaire.
Le 2 septembre, Human Rights Watch a transmis ses conclusions préliminaires aux autorités congolaises et rwandaises, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour.
Outre les frappes, HRW a également dénoncé les abus commis par les milices et les forces armées congolaises à l'encontre des civils, notamment des viols, des extorsions, et des violences à l'intérieur des camps de déplacés. Le rapport met en lumière les conséquences désastreuses de la militarisation des camps de déplacés, qui deviennent des cibles militaires.
Human Rights Watch appelle la communauté internationale, notamment l'ONU et l'Union africaine, à faire pression sur les deux parties pour qu'elles mettent fin aux violences et qu'elles soutiennent les sanctions et poursuites contre les commandants responsables de crimes de guerre.
Les attaques incessantes près de Goma ont également perturbé l'acheminement de l'aide humanitaire, aggravant les pénuries alimentaires dans la région.
HRW souligne que les parties belligérantes doivent immédiatement cesser de violer le droit de la guerre et garantir la protection des civils dans ce conflit prolongé.