Depuis fin mai, l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé venu de la République centrafricaine (RCA), s’est installé dans la province du Bas-Uélé, en RDC, faisant craindre une importation du conflit centrafricain sur le territoire congolais, rapporte Ebuteli, un institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.
Selon Adolphe Chober Agenonga, chercheur principal pour les Uélé à Ebuteli, c’est la première fois qu’un groupe armé centrafricain établit une base arrière dans cette région congolaise. L’UPC, dirigé par Ali Darassa, a été contraint de quitter la Centrafrique à la suite des offensives des mercenaires russes du groupe Wagner en 2021. Depuis son arrivée dans le Bas-Uélé, le groupe a été impliqué dans plusieurs incidents sécuritaires, dont des enlèvements et des pillages, notamment dans les territoires d'Ango, Bondo et Poko, explique-t-il.
Les conflits communautaires entre les Azande et les Mbororo, déjà violents en Centrafrique, se sont également intensifiés dans cette région du Congo, avec des accusations mutuelles de soutien à des groupes armés. Des Azande accusent les Mbororo d’être de mèche avec l’UPC, ce qui contribue à alimenter les tensions dans la région, précise Adolphe Chober Agenonga.
La résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est du pays a contraint le gouvernement de Kinshasa à redéployer des forces armées pour renforcer le front face à ce mouvement, affaiblissant ainsi la sécurité dans le Bas-Uélé, une région déjà marquée par un manque de présence étatique. Cette situation a laissé un vide sécuritaire dans lequel l'UPC et d'autres groupes armés étrangers peuvent opérer presque sans opposition, note la même source.
Toujours selon la même note, la présence de l'UPC dans le Bas-Uélé pourrait également exacerber les tensions entre les communautés locales, en particulier entre les pasteurs peuls Mbororo et les Azande. Cette situation est d’autant plus préoccupante que des rumeurs de création de mouvements d’autodéfense circulent depuis octobre 2023, augmentant le risque de violences communautaires dans cette zone frontalière.