L’alcoolisme chez la femme enceinte demeure un réel enjeu de santé publique. Pour mieux comprendre ce fléau et tenter d’apporter des solutions adaptées, le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré Grégoire Ucima psychothérapeute et enseignant de psychologie à l’Université de Kinshasa. Il revient sur les stratégies à mettre en place pour aider les femmes à arrêter de boire durant la grossesse.
Le psychologue souligne en premier les difficultés psychologiques que peuvent traverser les femmes enceintes dépendantes de l'alcool : anxiété, dépression, troubles du sommeil. Selon Gregoire Ucima, les raisons qui poussent une femme enceinte à continuer de consommer de l’alcool sont multiples et complexes. Il note l’importance de prendre en compte le contexte socioculturel : "En RDC, de nombreuses femmes sont confrontées à des difficultés économiques, à des violences conjugales ou à des problèmes de santé mentale. L’alcool peut être utilisé comme un moyen pour faire face à ces souffrances", a-t-il expliqué.
Face à cette situation, le psychologue insiste sur la nécessité d'un accompagnement personnalisé et adapté à chaque situation : "Il n'existe pas de solution miracle, mais une prise en charge globale, associant soins médicaux, soutien psychologique et parfois même une hospitalisation, peut permettre à ces femmes de surmonter leur addiction et d'envisager un avenir serein pour elles et leur enfant."
Selon Grégoire Ucima, plusieurs facteurs sont déterminants dans la réussite d'une telle prise en charge, notamment :
- La motivation de la patiente : la volonté de changer est essentielle
- Le soutien de l'entourage : la famille, les amis, mais aussi les professionnels de santé doivent accompagner la femme dans cette démarche.
- Un suivi régulier : des consultations régulières avec le psychologue permettent d'ajuster le traitement et de prévenir les rechutes.
Le psychologue met néanmoins en avant les défis à relever pour lutter contre l’alcoolisme chez les femmes enceintes en RDC : le manque de structures spécialisées, la stigmatisation des femmes dépendantes et le coût des traitements sont autant d’obstacles à surmonter.
Si l'accompagnement psychologique est essentiel, Grégoire Ucima note qu’il est important de rappeler que la lutte contre l'alcoolisme chez la femme est un enjeu de santé publique qui nécessite une action coordonnée de tous les acteurs : pouvoirs publics, professionnels de santé, associations.