Goma : face à la persistance de l’insécurité, les jeunes s’organisent et mettent en place des barrières contre des bandits qui utilisent des véhicules pour opérer la nuit

La ville de Goma sans taxi
La ville de Goma sans taxi

Il s’agit d'une nouvelle stratégie adoptée par les jeunes de plusieurs quartiers situés dans la partie Nord de la ville de Goma. Des grosses pierres sont placées dans des avenues secondaires. Depuis un temps, cette pratique est observée notamment dans les quartiers Mabanga Sud, Mabanga Nord, Kasika, Ndosho, Katoyi, Majengo et ailleurs. Elle vise à empêcher les bandits de s’émouvoir pendant la nuit à bord des véhicules pour commettre des meurtres, vols, extorsions et autres. 

«Étant fatigué de ce que font nos services de défense et de sécurité qui n’arrivent pas à nous accorder la sécurité, nous avons décidé de mettre des barricades chaque nuit, dans des avenues qui sont très fréquentés par des bandits. Nous mettons donc ces pierres, nous les surveillons et nous les retirons le matin. Cela nous permet de ne pas donner libre passage aux bandits qui viennent opérer avec des véhicules. Parce que, ces 40 voleurs, quand ils viennent, il y en a qui sont véhiculés et ils transportent dans leurs véhicules tout ce qu'ils pillent. Nous faisons cela parce que l’État a échoué à nous sécuriser », témoigne à ACTUALITE.CD un jeune actif du quartier Kasika, un des quartiers en proie à l’insécurité. 

La coordination urbaine de la société civile de Goma salue  cette initiative des jeunes qu'elle qualifie d'un système d’auto prise en charge. Son président, Marrio Ngavho appelle plutôt les autorités à revoir les stratégies de sécurisation de la ville.

« C'est une nouvelle stratégie. Ce qui se dit, c'est que beaucoup de véhicules qui appuient les 40 voleurs, sont des véhicules qui pourraient être de l'armée ou de la police de patrouille. C'est pourquoi, certains jeunes, mettent, autour de 20h, de grosses pierres dans les rues  secondaires pour essayer de barrer la route à tous ces gens. Mais également, comme il n'y a pas circulation des motos à partir de 18h, ils mettent ça, pour dire, on va voir tous ceux qui viennent et même avec les motos, on va les voir passer. Nous, nous pensons que c'est parmi les méthodes de prise en charge jusqu'à ce que l'autorité urbaine, appuyée par l'autorité provinciale, trouve des mesures pour sécuriser la population. Nous avons toujours demandé que nous ayons des commissariats qui soient garnis des policiers aguerris mais malheureusement on les retrouve dans la police de circulation routière. Nous demandons qu'on nous mette des policiers qui sont jeunes mais malheureusement, on trouve dans les SCIAT des policiers qui sont vieux qui ne sont même pas en mesure de poursuivre des bandits. C'est pourquoi cette police, ce groupe d'intervention mobile et toutes ces unités, garde républicaine qui sont dans Goma, des faux wazalendo aussi, ils s'en prennent à la population », souligne le président de la société civile de Goma. 

Encore un cas de meurtre par balle a été enregistré le soir mardi 27 août au quartier Mugunga (dans l'Ouest de Goma). Selon la société civile locale, la victime est un revendeur des crédits prépayés, tué aux environs de 19h locales lorsqu'il regagnait son domicile. Les mêmes sources ajoutent que l’infortuné a été tué, seulement quelques jours après que son père a également été abattu dans des conditions similaires. Dans la même nuit de mardi à ce mercredi, plusieurs maisons ont été cambriolées dans l'Ouest de Goma. 

Des manifestations de protestation contre l’insécurité n’ont plus eu lieu, lundi dernier, à Goma et dans le territoire de Nyiragongo, comme initialement annoncées par certaines associations des chauffeurs et conducteurs des motos. Ces manifestations ratées visaient également à exiger la levée de la mesure du maire de Goma interdisant la circulation des motos au-delà de 18h locales, présentée comme une autre source de l’insécurité. 

Jonathan Kombi, à Goma