Le Code de la famille en RDC stipule clairement l’obligation pour chaque époux de contribuer aux charges du ménage. Pourtant, selon un rapport de Africa Can End Poverty publié en 2022: seules 62 % des femmes de la RDC font partie de la population active et à peine 6,4 % d’entre elles ont un emploi salarié, contre 23,9 % des hommes. Pour tenter de mettre en lumière leur contribution essentielle au pouvoir d'achat des ménages congolais, le Desk Femme d’Actualité.cd a rencontré à cet effet quelques femmes vivants à Kinshasa.
Les témoignages recueillis ce 26 août révèlent une grande diversité de stratégies mises en œuvre par les femmes pour contribuer au budget familial. Certaines exercent des activités informelles, d'autres ont des petits commerces, tandis que d'autres encore bénéficient de transferts d'argent de leur famille dans la diaspora.
"Je vends des légumes au marché pour compléter les revenus de mon mari", confie Marie, une mère de trois enfants vivant à Kindele. "Nous cultivons notre propre nourriture, mais pour acheter les vêtements, les fournitures scolaires et même payer les soins de santé, je vends une partie de nos récoltes au marché. C’est difficile de joindre les deux bouts, surtout pendant la saison sèche."
Esther, vendeuse ambulante à Kinshasa explique qu'"elle vend des fruits et des légumes pour arrondir les fins de mois. C’est un travail dur, mais c’est grâce à cela que mes enfants peuvent aller à l’école."
Véronique, couturière à domicile précise qu'"elle couds des vêtements pour les voisins et les amis. Cela me permet d’avoir un petit revenu régulier. Mon mari m’aide beaucoup à la maison, mais c’est grâce à mon travail que nous pouvons nous permettre des petits écarts de temps en temps."
La gestion du budget au quotidien : un véritable défi
La gestion du budget familial est un exercice complexe, surtout dans un contexte économique difficile. Les femmes interrogées évoquent les difficultés liées à l'inflation, à la volatilité des revenus et à la pression sociale.
"Il faut être très organisée pour s'en sortir", explique Chantal, une mère de 4 enfants, vendeuse de braises. "Je dois jongler entre les dépenses courantes, les imprévus et les économies pour les études de mes enfants."
Si la contribution des femmes ménagères est essentielle, elle se fait souvent dans des conditions difficiles. Les femmes rencontrées évoquent plusieurs défis : l'accès au crédit, la formation professionnelle, l'égalité des genres et la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale sont autant de défis à relever.
"Le manque de capital est un frein majeur à l'élargissement de mon activité", déplore Esther. "J'aimerais pouvoir acheter plus de marchandises pour augmenter mes ventes."
Malgré les difficultés, les femmes ménagères jouent un rôle essentiel dans le bien-être de leurs familles et de leurs communautés. Leur contribution financière permet d'améliorer le niveau de vie des ménages, de financer l'éducation des enfants et de renforcer l'autonomie économique des familles.
"Je suis fière de contribuer au bien-être de ma famille", affirme Marie. "Même si c'est difficile, je suis déterminée."
Les témoignages recueillis auprès de ces femmes mettent en évidence l'importance de leur rôle économique au sein des foyers congolais. Pour leur permettre de s'épanouir pleinement, il est essentiel de mettre en place des politiques publiques favorisant leur autonomisation économique, notamment en matière d'accès au crédit, de formation professionnelle et de reconnaissance sociale de leur travail.
Nancy Clémence Tshimueneka