En République Démocratique du Congo, les lois garantissent l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage. Pourtant, les pratiques coutumières persistent et les filles aînées se retrouvent souvent désavantagées lors des successions. Le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré Mireille Musadi, présidente de l’association «Tous pour l’autonomisation des femmes ». Elle éclaire sur les défis auxquels sont confrontées les filles aînées et les actions menées pour faire évoluer les mentalités.
Mireille Musadi souligne que si le cadre légal est en place, la réalité sur le terrain est bien différente. "Les filles aînées sont souvent considérées comme des moins-que-rien lors des partages de patrimoine. Les préjugés ont la vie dure et les pratiques coutumières priment bien souvent sur la loi."
Elle revient sur l’un des témoignages des filles aînées recueillis par son association: "Marie, 18 ans, avait vu sa part d’héritage réduite au profit de ses frères. On lui a dit qu’elle devait se marier et que son mari lui donnerait ce dont elle a besoin", rapporte-t-elle amèrement. "Elle a dû arrêter ses études pour un mariage précoce après la mort de son père. Ni elle ni sa mère ne parvenaient à supporter cette charge. Ces histoires mettent en lumière l’injustice vécue par de nombreuses femmes".
Face à cette situation, l’association « tous pour l’autonomisation des femmes » mène des actions multiples :
- Sensibilisation: l’association organise régulièrement des campagnes de sensibilisation auprès des populations, notamment en milieu rural, pour faire connaître les droits des femmes en matière d’héritage.
- Accompagnement juridique: des juristes bénévoles apportent un soutien juridique aux femmes confrontées à des problèmes de succession.
- Lobbying: l’association exerce un lobbying auprès des autorités pour une meilleure application des lois existantes et l’adoption de nouvelles mesures en faveur de l’égalité.
- Partenariats: des partenariats sont noués avec d’autres organisations de la société civile, des autorités locales et des institutions internationales pour amplifier l’impact des actions menées.
Si les actions de l’association sont louables, le chemin reste encore long.
Mireille Musadi souligne les défis persistants : "changer les mentalités prend du temps. Il faut continuer à sensibiliser, à former et à accompagner les femmes pour qu’elles puissent faire valoir leurs droits."
Elle lance un appel à la mobilisation de tous les acteurs de la société : "Nous avons besoin de l’engagement de chacun pour mettre fin à ces inégalités. Les médias ont un rôle important à jouer en donnant de la visibilité à ce problème et en encourageant le débat. Les autorités doivent renforcer les dispositifs de protection des droits des femmes et les entreprises peuvent mettre en place des politiques de diversité et d’inclusion."
"Le combat est long mais nous sommes déterminées. En sensibilisant, en accompagnant et en plaidant, nous espérons parvenir à un changement durable. Chaque femme doit pouvoir jouir pleinement de ses droits, y compris celui d’hériter," a renchéri Mireille Musadi.
Nancy Clémence Tshimueneka