Des avancées diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, à la mise en cause de gestionnaires des fonds alloués aux victimes de la guerre des six jours à Kisangani, en passant par la libération des détenus à la prison centrale de Makala, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Djeny NGOIE.
Madame Djeny NGOIE, pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Djeny NGOIE: Je suis une activiste engagée pour les droits des femmes et des personnes dépendantes des hommes en uniforme (FARDC-PNC). Mon travail consiste à défendre les droits de ces groupes vulnérables, à sensibiliser la communauté sur des sujets de justice sociale et à plaider pour des politiques inclusives. Je suis également la représentante pays (RDC) de la Synergie des jeunes africains pour la consolidation de la paix et de la sécurité, aussi membre de Yousprint RDC.
Kinshasa et Kigali conviennent d’un cessez-le-feu sous médiation angolaise. Ce cessez-le-feu, entrera en vigueur à compter de ce dimanche 4 août prochain. Comment avez-vous accueilli l'annonce de ce cessez-le-feu ?
Djeny NGOIE: L'annonce du cessez-le-feu est une lueur d'espoir pour la population affectée par les conflits. C'est un premier pas vers la paix et la stabilité dans la région. Cependant, il est crucial que toutes les parties respectent cet accord et travaillent sincèrement pour une résolution durable des conflits.
Quels sont vos espoirs et vos craintes pour l'avenir quant à ce ?
Djeny NGOIE: Je crains que les tensions latentes ne soient pas suffisamment résolues et que la situation dégénère si les causes profondes du conflit ne sont pas abordées. Cependant, j'ai espoir que tout se calme et qu'il y ait une reconstruction des zones touchées.
Les gestionnaires du fonds d’indemnisation aux victimes de la guerre de six jours ont été déférés devant la justice. Décision prise mardi par le ministre de la Justice, Constant Mutamba. Comment réagissez-vous à cette nouvelle ?
Djeny NGOIE: Les gestionnaires du fonds doivent être tenus responsables de leurs actions. Cette poursuite est une étape vers la transparence et l'équité, cela va sans dire que c'est une décision importante pour rendre justice aux victimes.
Estimez-vous que ces poursuites judiciaires suffiront à indemniser les victimes ?
Djeny NGOIE: Les poursuites judiciaires doivent être accompagnées d'un mécanisme de compensation adéquat et d'un soutien psychologique pour les victimes. La justice ne peut être complète sans réparation intégrale.
Au total, 421 détenus ont été libérés de la prison centrale de Makala samedi dernier pour désengorger cette institution pénitentiaire. Quelle est votre position par rapport à ces libérations ?
Djeny NGOIE: ces libérations doivent être accompagnées d'un programme de suivi adéquat pour éviter toute récidive. Cependant, c'est une mesure nécessaire surtout en tenant compte des conditions de détention souvent inhumaines.
Quelles mesures supplémentaires devraient être prises pour accompagner ces personnes libérées dans leur réinsertion sociale ?
Djeny NGOIE: La mise en place des programmes de réinsertion sociale, y compris des formations professionnelles, un soutien psychologique et des initiatives de sensibilisation communautaire pour réduire la stigmatisation et aider à leur réintégration dans la société.
De janvier à juin 2024, plus de 1 milliards de dollars détournés en RDC. C’est ce qu’indique le bulletin "Kanyaka Rushwa" de "Congo n’est pas à vendre". Comment avez-vous accueilli ceci?
Djeny NGOIE: Ces révélations mettent en lumière des défis importants dans la gestion des fonds publics et soulignent la nécessité de discuter des mesures de transparence et d'intégrité dans la gestion des ressources nationales.
Quelles actions concrètes pouvez-vous proposer pour lutter contre ce phénomène ?
Djeny NGOIE: Il serait pertinent de continuer à explorer et à discuter des initiatives qui pourraient renforcer la transparence, la responsabilité et trouver des solutions adaptées au contexte spécifique de notre pays.
Le Gouverneur de la ville province de Kinshasa a dévoilé mercredi, dans un arrêté, les noms des membres de sa nouvelle équipe gouvernementale. Ils sont au total 10 dont une femme. Quelles mesures faut-il prendre pour renforcer la participation des femmes dans les instances de décision en RDC?
Djeny NGOIE: A ce sujet, il est nécessaire de promouvoir des politiques de parité. Créer des programmes de formation et de mentorat pour les femmes, et sensibiliser la société à l'importance de l'inclusion des femmes dans les postes de décision.
À Kinshasa, dans la commune de Ngaliema, les Kuluna font la loi au quartier Camp Munganga. A partir de 21 heures, il est difficile de circuler aisément dans ce quartier. Les Kuluna se mettent en place sur les avenues, aux arrêts de bus et dans les coins isolés du quartier pour opérer avec des armes blanches. Quelles actions les autorités peuvent entreprendre pour protéger les passants et habitants du quartier ?
Djeny NGOIE: Ils doivent renforcer la sécurité dans les zones à risque, en augmentant la présence policière et en mettant en place des programmes de prévention et de réhabilitation pour les jeunes impliqués dans ces activités. Mais aussi travailler avec la communauté locale pour dénoncer ces actes et protéger les résidents.
Le nombre important de personnes présentes au stade des Martyrs à Kinshasa lors du concert de l’artiste gospel Mike Kalambayi a entraîné la mort de neuf personnes dont deux femmes. Quels sont les enseignements à tirer de cette tragédie ?
Djeny NGOIE: A l'avenir, pour éviter ce genre de tragédie, il est impératif de respecter les capacités des lieux, planifier les entrées et sorties et veiller à ce que les services de secours soient facilement accessibles.
Quelles mesures les autorités peuvent-elles prendre pour améliorer la sécurité lors des grands événements ?
Djeny NGOIE: Tout d'abord, la formation adéquate du personnel de sécurité est cruciale, la mise en place des protocoles de sécurité strictes, y compris des inspections de sécurité, des plans d'évacuation et une coordination avec les services d'urgence.
Les conducteurs de transport en commun ont déclenché lundi un mouvement de grève à Kinshasa. Ils protestent contre le contrôle initié par la division urbaine des transports de la ville de Kinshasa, également contre les tracasseries policières et les embouteillages. Quelle est votre réaction face aux revendications des conducteurs ?
Djeny NGOIE: Les revendications des conducteurs sont légitimes car ils sont confrontés à de nombreux défis tous les jours. Les autorités doivent écouter leurs préoccupations et trouver des solutions équilibrées qui améliorent les conditions de travail tout en assurant le respect des réglementations.
Quelles mesures prendre pour améliorer la situation des transporteurs et fluidifier la circulation ?
Djeny NGOIE: Il est nécessaire de mettre en place des infrastructures routières adéquates, de réguler le trafic de manière efficace, de simplifier les procédures de contrôle, et de lutter contre les abus de pouvoir par certaines forces de l'ordre. La modernisation des systèmes de transport public est également essentielle.
Une loi interdisant les avortements après six semaines de grossesse est entrée en vigueur dans l’Iowa, allongeant encore la liste des Etats américains ayant interdit ou fortement restreint ce droit. Qu'en pensez-vous ?
Djeny NGOIE: cette loi représente un recul des droits reproductifs des femmes et limite leur accès à des soins médicaux sécurisés. Il est crucial de protéger les droits des femmes à choisir et d'assurer l'accès à des services de santé reproductive sécurisés et légaux, car ceci contribue à leur autonomisation, leur bien être et réduit sensiblement les complications liées aux avortements clandestins.
La situation se tend dans la capitale vénézuélienne. Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogène à Caracas, pour disperser des manifestants protestant contre la réélection de Nicolas Maduro à la présidence du Venezuela. Quels peuvent être les risques potentiels selon vous, pour l'avenir immédiat de la situation politique au Venezuela ?
Djeny NGOIE: Le gouvernement doit s'engager dans un dialogue constructif avec l'opposition et les citoyens pour éviter une escalade de la violence.
En vertu d'un échange historique entre des pays occidentaux et la Russie, plusieurs prisonniers américains et russes ont été libérés, jeudi 1er août. Les ex-détenus sont arrivés ce vendredi matin dans leurs pays respectifs. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?
Djeny NGOIE: Cet échange est un développement positif dans les relations internationales. C'est un rappel à l'importance de la diplomatie et du dialogue dans la résolution des conflits et des différends internationaux.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka