Nord-Kivu: plus de 5 morts à la suite des cas de justice populaire près de Butembo

Une vue de la ville de Butembo
Une vue de la ville de Butembo

Plus de cinq personnes ont trouvé la mort à la suite des cas de justice populaire enregistrés dimanche 30 juin dernier à Kyambogho, localité du territoire de Lubero, partageant sa limite avec la ville de Butembo (Nord-Kivu). 

Jean Bususu, président de la société civile noyau de Kyambogho informe ACTUALITE.CD que les victimes sont quatre hommes suspectés d'être criminels puis lynchés ainsi que des civils atteints des balles perdues pendant l'intervention des forces de sécurité. Des drames survenus autour de 16 heures locales. 

Selon toujours lui, les deux premières victimes ont été lynchés par des jeunes à proximité de la barrière de Kyambogho après que deux armes à feu ont été retrouvés dans leur collis. A en croire des témoins, ces victimes revenaient vers Musienene. Arrivés à la barrière, le taximan qui les transportait a prétexté acheté du carburant en vue de profiter de l'occasion pour alerter les jeunes de fouiller ses clients qu'il suspectait depuis. 

Du coup, deux armes AK 47 enfuis dans une parapluie vont être découvertes et les jeunes surchauffés vont décider de les lyncher. A quelques mètres de là, près de l'église des Témoins de Jéhovah de Kyambogho, un autre suspect qui peinait de s'exprimer en dialectes méconnus par les jeunes a été suspectés d'appartenir à des groupes qui alimentent l'insécurité dans la zone. Lui également va être brûlé vif. La quatre victime a été intercepté par des jeunes dans un carrefour qui mène à l'ISTM de Butembo, toujours à Kyambogho dans les circonstances similaires. 

Cette information est confirmée à ACTULITE.CD par le secrétaire de la localité de Ndando où se sont déroulés ces cas de justice populaire. Il ajoute qu'en plus de 4 personnes lynchés, trois autres ont été atteintes de balles tirées par les forces de sécurité qui sont intervenus pour tenter de sauver les victimes et lever les barrières érigées par les jeunes à l'annonce de la progression des rebelles du M23. Ce qui ramène à 7 le nombre de personnes mortes.

« Actuellement les jeunes sont très agités à la suite des faits qui se passent à Kanyabayonga, notamment la progression rapide du M23 mais également les massacres (des présumés ADF, ndlr) qui se passent dans la région de Manguredjipa. Ils ont intercepté des suspects et les ont lynchés », déplore Kasereka Kakundika John, secrétaire de la localité Ndando qui se trouve en chefferie des Baswagha où des mouvements des ADF sont signalés depuis une semaine maintenant. 

Des jeunes redoutent que des gens qui s'expriment en dialectes méconnus dans la zone et porteurs d'armes à feu soient, soit les combattants ADF qui regorgent dans leurs rangs des étrangers, soit encore des rebelles du M23 qui ont gagné du terrain dans le Sud de Lubero et qui envisage d'atteindre Butembo. 

Selon la société civile, les corps des hommes lynchés ont été levés des lieux du drame et inhumés sur décision des autorités. 

Ceux des civils, ils se trouvaient encore dans les salles de morts de structures sanitaires locales en attendant les programmes des obsèques fixés par leurs proches. 

Claude Sengenya