Exposition : Kolwezi vu sous l’angle minier par 3 artistes peintres

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Exposition Kolwezi un jour, un rêve

Des profondeurs vers le sommet. C’est ainsi qu’on peut résumer cette initiative qui va puiser dans le thème minier, sujet qu'on n’a pas l’habitude de voir les tableaux de peinture détailler. Trois artistes peintres s’y mettent et leur travail sera présenté du 18 avril au 9 mai, à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Le vernissage aura lieu le premier jour de l’exposition, à 18 heures, dans la troisième salle d’exposition anciennement appelée Musée de l’Académie des Beaux-Arts. 

Les trois artistes plasticiens, Catheris Mondombo, Idris Kitota et Gloire Isuba, utilisent le pouvoir de l’art pour exprimer, chacun à sa façon, un trouble profond causé par les embarras du secteur minier. Cette inquiétude invite à former un vœu, celui d’un nécessaire redressement, d’une réindustrialisation, d’un ré-enchantement, d’une meilleure redistribution des richesses.

La série qui fait l’objet de cette exposition se nomme “Kolwezi, un jour, un rêve”. La question d’enfants mineurs et celle de la redistribution des ressources dans différentes classes sociales du pays sont notamment évoquées à travers les dessins.

« La série Kolwezi est ma réflexion autour de la situation minière en RDC, tout en mettant en exergue la question de l’industrialisation de ses ressources, que je vois comme élément moteur du développement. La présence des enfants dans les mines avec de grosses bottes illustre premièrement l’exploitation de ces derniers dans ce milieu, avec des moyens que je pense destructeurs de leur avenir et devenir. Deuxièmement, leur présence dans cet environnement minier est ma perception de cette société face à son avenir et devenir », explique Gloire Isuba.

Les trois jeunes artistes peintres, peut-on lire dans la note de présentation de l’exposition, nous invitent, à travers leurs productions artistiques, à contempler la valeur de l’humain perverti par les autres humains. L’exposition est gratuite et disponible du lundi au samedi, entre 8h et 16h, dans la troisième salle d’exposition de l’Académie des Beaux-Arts.

Les artistes

Né à Kinshasa en 1992, Catheris Mondombo peint sur des bâches récupérées. Ces supports fripés, exténués, détournés de leur usage d’affiche publicitaire, semblent évoquer l’histoire d’un quotidien tourmenté. Son art n’est pas narratif mais nous pose devant des situations : colonisation, probable restitution d’objets, etc.

Né en 2001, Idris Kitota entame ses études à l’Institut des Beaux-Arts de la ville minière de Lubumbashi avant de monter à Kinshasa. Il est en quelque sorte l’héritier de l’école que Laurent Moonens établit en 1951 et, avant lui, des jalons posés par Pierre Romain Desfossés dont les élèves enseignèrent à l’Académie des Beaux-Arts et Métiers d’Art de l’ancienne Élisabethville. 

Les personnages que nous proposent les toiles de Gloire Isuba, né en 1993 à Kinshasa, semblent surnager dans un décor inconsistant. Des personnages peints assez négligemment, des enfants portant d’immenses bottes. A croire qu’elles auraient été empruntées aux enfants soldats entrés avec Kabila-père au milieu des années 90 par l’est de la RDC. Cette scénographie superpose deux couches de misère, le monde minier dans sa vaste immobilité horizontale et l’humanité déchue.

Kuzamba Mbuangu