" Il y a eu une première gifle, j'ai laissé passer en pensant que c'était moi le problème" Julie Makonga raconte son calvaire de femme battue

Photo/ Actualité.cd
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Une femme sur quatre âgée de 15 ans ou plus, en RDC, a déjà été victime des violences basées sur le genre, selon les statistiques rendues publiques par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en 2022. D'après cet organisme, la violence conjugale touche 52 % des femmes en âge de procréer. Les victimes dénoncent rarement leurs situations par peur de perdre leurs couples et de se voir dénigrées dans la société.

Julie s'est mariée quand elle avait vingt-six ans, aujourd'hui elle en a trente-huit. Elle a porté plainte contre son conjoint pour violences domestiques, verbales ainsi que coups et blessures. Une décision qui n'a pas été facile pour elle, au regard du manque de soutien de son entourage.

"Comme dans toute relation, tout allait bien au début de notre mariage. Un dimanche, alors qu'on devait se rendre à l'église, monsieur a décidé que je devais porter une robe, alors que ce jour-là, j'avais apprêté un pantalon. S'en est suivie une petite dispute qui s'est soldée par sa première gifle à mon égard. J'ai laissé passer, en me faisant croire que c'était moi le problème. Vu ma tolérance, il s'est habitué à ces violences. Il me tabassait, m'humiliait et m'insultait même devant les enfants. Sans compter les violences verbales et autres, même devant sa famille et nos amis."

La décision de briser le silence

La jeune maman de trois enfants décide d'abord de se confier à sa famille, particulièrement à sa mère. Cette dernière a du mal à croire sa fille et lui reproche le fait d'avoir une forte personnalité qui remonte à son enfance.

"Bien que l'attitude de ma mère m'avait révolté, il m'est souvent arrivé de penser que c'est moi le vrai problème. Alors j'ai essayé de vivre selon les désidératas du monsieur, mais ce n'était pas suffisant. Il n'arrêtait pas de m'humilier et de me tabasser. Cette situation a duré au moins dix ans," confie-t-elle les larmes aux yeux. 

La non-intervention de la justice

"J'ai décidé d'amener le dossier devant la justice et j'ai porté plainte. J'avais des images attestant ces violences, mes enfants et mes voisins comme témoins. Malheureusement, il n'a jamais été condamné, encore moins arrêté. "Il est libre et vit tranquillement", déplore-t-elle.

Vu les menaces de son partenaire, devenu son bourreau, Julie s'est enfuie pour se réfugier dans un endroit où son conjoint ne pourra pas la retrouver.

"Ma vie et celle des enfants est en danger. Nous sommes en insécurité. Sa famille menace de nous tuer et ma famille m'a abandonnée sous prétexte que je n'ai pas suivi leur conseil m'interdisant de porter plainte."

Ces formes de violences devraient faire l'objet d'une réglementation spéciale en justice, estime Florence Kapila, actrice socio-politique et membre de l'association Les Femmes de valeurs.

"Le Code pénal, tel que révisé et complété par la loi sur les violences sexuelles et la procédure en cas de violences sexuelles, incrimine les coups et blessures subis dans le cadre des violences domestiques et conjugales. De l'article 168 jusqu'à 171, on parle des violences sexuelles, particulièrement du viol qui est pénalement punissable à l'article 170 ainsi que de l'attentat à la pudeur. Mais il y a nécessité de penser d'autres lois spécifiques pour protéger les femmes mariées ou les enfants dans le ménage. Et ces violences devraient rapidement faire l'objet d'une réglementation spéciale compte tenu de l'ampleur qu'elles prennent."

Madame Kapila encourage les femmes à dénoncer toute forme de VBG et à porter plainte pour arrêter ce fléau.


Nancy Clémence Tshimueneka