Le verdict tant attendu dans l'affaire opposant le ministère public à six militaires de la garde républicaine, dont deux hauts gradés, vient de tomber, faisant trembler les cercles militaires et politiques.
Le premier président de la Cour militaire du Nord-Kivu a rendu son arrêt dans une affaire qui a suscité l'indignation tant au niveau national qu'international. Le tribunal a condamné quatre des accusés tandis que deux ont été acquittés par la justice militaire.
Le verdict le plus retentissant a été la condamnation à mort du colonel Mike Mikombe, commandant de la garde républicaine, pour destruction délibérée de matériel militaire et incitation à des actes contraires à leur devoir militaire. Il est également radié des forces armées. Cette décision a fait l'effet d'une bombe, et les avocats de Mikombe ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel, tout en se réjouissant de la réduction des charges pesant sur leur client.
Selon eux, "les voies et recours sont disponibles pour contester cette décision, car il ne s'agit que d'une décision de premier degré qui retient certaines infractions tout en en disqualifiant d'autres. Notre crainte était que la cour retienne les crimes contre l'humanité, mais nous sommes satisfaits que la cour nous ait suivis en reconnaissant qu'il n'y a pas eu de crimes contre l'humanité."
Les trois éléments de deuxième classe ont également été condamnés à dix ans de prison ferme par la Cour militaire du Nord-Kivu. Cependant, le colonel Donatien Bawili, commandant du 19ème régiment de la garde républicaine, ainsi que le soldat de deuxième classe Idris Kalamba, ont été acquittés par la justice militaire, qui n'a pas pu prouver leur implication dans des actes graves.
La Cour militaire a également ordonné que les condamnés versent des "dommages et intérêts évalués à 20 000 USD à la partie civile pour les préjudices causés".
Cette affaire a éclaté à la suite de la répression brutale d'une manifestation de la secte Messianique Uwezo wa Neno/Wazalendo contre la Monusco le 30 août dernier, qui a entraîné la mort de 56 personnes et de nombreuses blessures. Les militaires de la garde républicaine étaient accusés de crimes contre l'humanité, notamment de meurtre et de destruction de matériel.
Yvonne Kapinga, à Goma