RDC : le conflit Teke et Yaka, la pénurie du maïs dans le grand Katanga, traduit l'absence d'un "plan national sécuritaire et agricole" et non une prétendue "main noire" (Dr. Flavien Shirandi,PhD)

Dr Flavien Shirandi.PhD
Dr Flavien Shirandi.PhD

Le Professeur Dr. Flavien Shirandi, PhD, consultant politique et leadership stratégiste s'est confié à ACTUALITE.CD sur la crise de pénurie du maïs qui sévit dans la province du Haut-Katanga depuis quelques temps. Selon lui, les propos du porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qu'il y aurait une " main noire" qui empêcherait la RDC de contracter un partenariat avec la République de la Zambie pour approvisionner le pays en maïs est une consécration de la politique du " bouc émissaire" alors que le gouvernement zambien avait déjà alerté la situation et les exigences de son pays.

« De ce fait, le 12 avril 2023,  le gouvernement zambien, par le truchement du ministre Zambien des Finances, avait déclaré que leur pays n’avait pas suffisamment de maïs à exporter au Kenya, car leur propre pays la Zambie chercherait à importer du maïs pour combler les pénuries occasionnées par une mauvaise récolte. Comment peut-on parler de main noire, alors que 4 des ministres Congolais ont été aussi dépêchés en Afrique du Sud pour rencontrer des agriculteurs, malheureusement ils ont rencontré qu’un seul fermier, qui d’ailleurs n’a pas été à mesure de répondre aux attentes de la crise de maïs en RDC. Cette main noire qui serait à la base de la pénurie de maïs par le refus de la Zambie, est-elle aussi la cause de l’échec des négociations menées par la mission des ministres dépêchés en Zambie et en Afrique du Sud pour rentrer les mains vides? N’y a-t-il pas de maïs dans d’autres provinces qui pourrissent et qui ne puissent être acheminés vers d’autres entités provinciales ? Je me demande si la main noire évoquée par le porte-parole n’est pas une autre excuse du gouvernement cherchant un bouc émissaire ! », s'interroge Dr. Flavien Shirandi.,PhD.

Il reproche au gouvernement "une absence de leadership" face certaines questions d'intérêt général notamment sécuritaire.

« Cette main noire est aussi la raison des conflits entre les Teke et Yaka causant plusieurs morts à kwamouth ; la situation de l’insécurité de l’Est ; la famine au Kasaï etc. Où est cette main noire? Qui est derrière cette main noire ? N’y a-t-il pas tout simplement une absence de leadership fort prouvée par cette déclaration », dit Dr Flavien Shirandi.,PhD.

Quelques propositions de Flavien Shirandi pour sortir le pays de la crise sécuritaire et alimentaire

- Pourquoi ne pas exploiter nos terres arables et inviter à la table de réflexion l’expertise de l’ancien gouverneur du Katanga qui non seulement a réussi plusieurs fois à solutionner cette crise, mais aussi a réussi à faire de l’agriculture industrielle dans cette partie du pays?

- Cette confirmation de la main noire à partir de la Zambie est une preuve de crise et de manque d’une vision claire. Existe-t-il un programme agricole et économique pouvant éviter au peuple congolais cette crise alimentaire ? Le déplacement de plusieurs ministres du gouvernement congolais vers la Zambie et l’Afrique du Sud, lequel qui a accouché d’une souris, reste un langage de tâtonnement des animateurs de ces secteurs.

- Un pays qui veut son développement doit avoir des institutions fortes. En République Démocratique du Congo, tout est question d’une main noire lorsque l’Etat congolais est défaillant dans sa mission régalienne à l’instar des conflits Teke et Yaka. L’Etat Congolais montre de plus son incapacité à mettre fin même à un petit conflit tribal à quelques kilomètres de la capitale Kinshasa, siège des institutions. Lors de la conférence de presse du Vice-premier ministre, ministre de  l'intérieur Peter KAZADI le 24 Mai 2023 après la marche des opposants, il affirme haut et fort que le conflit Teke et Yaka est un conflit des terres par contre le président de la République TSHISEKEDI TSHILOMBO en Chine le 26 mai 2023 devant la communauté congolaise et la presse chinoise  indexe le Rwanda comme la cause dudit conflit.  Qui est-ce qui est à la base de ce conflit ? Qui dit vrai ? Pourquoi cette contradiction ? S’interroge-t-il. L’Etat congolais doit démystifier les différents cartels des ennemis de la République qui font des choses secrètes que l’Etat congolais n’arrive pas à démanteler et mettre hors état de nuire. Qu’en est-il de l’ANR, de la DGM et des services secrets?

- Les études de développement d’une nation démontrent que le développement d’un pays à 60 pourcent est axé sur ses infrastructures routières car le pays doit être relié du Nord au sud, de l’Est à l’Ouest. Il en est le cas de la Malaisie, le Singapour et Dubaï. Ce qui n’est pas le cas en RDC dans certains coins de la République où les produits agricoles pourrissent par impossibilité de les sortir d’un coin de la république vers un autre. Au chef de l’Etat congolais Felix TSHISEKEDI d’intensifier la production agricole et les travaux des routes de dessertes agricoles et cela va résoudre tant soit peu ces problèmes alimentaires.

- La RDC a besoin de la cohésion. Ce qui est de la responsabilité du chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions de la République. 

Le Chef de l’Etat doit faire appel à l’expertise, tant de l’opposition que du pouvoir, pour donner leurs idées et mener des réflexions constructives en la matière, les intérêts de la république étant au-dessus de ceux individualistes.

Au cours du traditionnel briefing de presse organiser par le ministère des médias, le vice premier ministre et ministre de l'économie Vital Kamerhe avait noté une mauvaise fiscalité, qui demeure " un réel frein pour la production local ".

« Le VPM a évoqué des mesures conjoncturelles sans les chiffres exactes et cela sont des théories or en économie, il faut des chiffres. Ces mesures devraient être accompagnées des chiffres. Ce qui nous pousse à dire que ce sont des coquilles vides et des simples paroles sans la planification réelle et conséquente ; Il y’ a également la démagogie parce que nous avons assisté à promesse électorale anticipée ; Il a confirmé l’absence de l’anticipation des évènements en évoquant la guerre alimentaire par des pays voisins et de la région ; En évoquant les problèmes de la fiscalité toxique, le gouvernement vient de se rendre compte à travers cette crise que notre système fiscal est un réel frein pour la production locale, ce qui attire la production locale vers le bas et cela ce n’est pas seulement dans la production de maïs mais dans tous les autres domaines. Malgré les potentiels agronomiques exceptionnels et une superficie de terres agricoles inégalée en Afrique, il est inconcevable de vivre cette situation », a-t-il dit.

Pour rappel, le président zambien Hakanide Hichilema avait contredit le gouvernement congolais sur le fait qu'il y aurait quelqu'un derrière le refus de la Zambie de vendre du maïs à la RDC. Selon le gouvernement congolais en ce moment-là, n'avait pas encore fait la commande officiellement au gouvernement zambien. En effet, il justifie le refus de la vente de maïs par la pratique commerciale des Etats voisins de la Zambie à l’instar de la Tanzanie et la RDC qui achetaient aux fermiers privés au lieu de venir officiellement auprès du gouvernement zambien pour que le trafic se fasse entre les Etats et ce, par le système bancaire et non dans des comptes offshore.

Ivan Kasongo