Drame de Kalehe: “J’ai perdu 14 membres de ma famille, mais 3 corps seulement ont été retrouvés”, les habitants de Nyamukubi et Bushushu racontent la tragédie vécue

Cercle reflect Nyamukubi
Cercle reflect Nyamukubi

Les inondations et glissement des terres survenus dans la nuit du 4 au 5 mai dernier dans le territoire de Kalehe, précisément à Nyamukubi et Bushushu (Sud-Kivu), font craindre déjà des risques élevés de propagation des maladies, car plusieurs dizaines de corps restent encore sous les décombres alors que les recherches engagées par les secouristes de la Croix-Rouge sont toujours en cours. 

Mercredi, au moins 13 nouveaux corps sans vie en état de décomposition repêchés des alluvions et des eaux du lac Kivu,  ont été inhumés à Bushushu. Ce jour, l’on compte plus de 438 corps repêchés et inhumains, selon le bilan officiel. Une semaine après, les habitants des deux localités précitées sont encore sous le choc et retracent difficilement les faits. 

«  Vous voyez cette maison à étage. C’était de deux niveaux mais voilà seulement une partie de la toiture qui est visible. Il y avait un marché ce jour-là. Plusieurs personnes ont fui dans cette maison et y ont perdu la vie car surpris par l’éboulement. On y avait repêché seulement 19 corps mais d'autres sont toujours là », témoigne cet habitant, trouvé également sur le lieu du drame.  

Cet autre habitant de Nyamukubi dit avoir perdu 14 membres de sa famille. 

« Nous croyons que les corps des nôtres se décomposent dans les décombres. J’ai perdu 14 membres de ma famille. Mais seulement 3 corps ont été retrouvés», dit-il avant d’ajouter: « Nous n'avons pas d'eau. Encore moins de nourriture. Nous buvons l'eau du lac alors que plusieurs corps seraient emportés jusque dans le lac. Nous craignons la propagation des maladies ».

Cette femme se souvient de le drame a débuté alors que le principal marché du village était bonde de monde. 

« À 16h, 17h, plusieurs personnes étaient encore au marché. Or, c'est un marché qui accueille beaucoup de monde le jeudi. Plusieurs personnes venues des villages voisins étaient encore là mais voilà que tout le marché est englouti. On apprend d'ailleurs que les gens d'Idjwi n'ont pas encore retrouvé 400 personnes venues au marché de Nyamukubi.  Il y avait une école où les élèves étaient encore en classe. Plusieurs  établissements fonctionnaient encore. Même ici où nous nous piétinons, il y a des corps sous le sol », raconte une dame qui a eu la vie sauve parce qu'elle déplacée quelques minutes plutôt de la cité de Nyamukubi. 

À Bushushu, plus de 1 325 membres des familles ne sont pas encore retrouvés.

«Nous avons enregistré, provisoirement aujourd'hui (Ndlr : le mercredi 10 mai) les gens qui ont des adresses fixes, à part les visiteurs, 952 cas des morts. Nous avons enregistré provisoirement 1 325 maisons complètement emportées par des eaux », confie Martin Nyamulinduka, circonstanciellement président des sinistrés de Bushushu. 

Selon  ces habitants rencontrés  à  Nyamukubi et à Bushushu, les corps des personnes disparues commencent à dégager une odeur nauséabonde. Ils craignent des risques de propagation des épidémies, ces entités étant privées des sources d'eau potable, après cette catastrophe qui a tout emporté lors de son passage. 

« Que l'Etat ainsi que les organisations tant nationales et qu’internationales nous viennent en aide. Sinon, d’ici là, nous allons perdre plusieurs autres personnes », plaide un habitant.  

En 2014, une pareille catastrophe avait frappé Rambira, une entité voisine de Nyamukubi et  Bushushu. Ces catastrophes laissent des milliers de congolais sans abris et aggravent les conditions humanitaires et sanitaires déjà précaires dans cette partie de la RDC.

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Jonathan Kombi, de retour de Kalehe