Etat de siège au Nord-Kivu: à Lubero, les miliciens règnent en maîtres, certains se disent “légitimes” et affrontent des groupes “envahisseurs”

Illustration
Photo d'illustration

C’est l’anarchie qui persiste dans plusieurs villages et localités du territoire de Lubero, pour ne citer que cette entité, du Nord-Kivu où des miliciens font la loi, malgré l’état de siège en vigueur depuis bientôt deux ans. Cette mesure exceptionnelle a été décrétée par le Chef de l’Etat en vue de combattre les groupes armés locaux et étrangers au Nord-Kivu et en Ituri, deux provinces secouées par les violences armées. Mais, le résultat n’est pas senti sur le terrain même si l’armée a le contrôle des opérations et de l’administration dans ces deux provinces. Dans certaines zones, la situation s’est davantage aggravée avec la naissance d'autres milices. 

A l’ouest de la cité de Lubero par exemple est né un groupé armé “le Volcan” dont le leader porte le même nom. Ce dernier a affronté lundi 27 mars la milice Forces patriotiques populaires, Armée du peuple (FPP-AP) dirigée par Kabido, un autre chef milicien qui dit défendre la région contre l’ennemi de la RDC. Les affrontements ont eu lieu au village de Kighali situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lubero-centre.

Selon la société civile et l’armée, les accrochages ont débuté à 2 heures locales. Les miliciens du groupe FPP/AP étaient les premiers à attaquer la position des éléments du général autoproclamé le Volcan.

“Trois éléments du groupe le volcan ont été tués par ceux de Kabido, un autre est grièvement blessé et quatre ont été capturés”, précise à ACTUALITÉ.CD, maître Augustin Sawasawa Kasayi, président de la FEC et conseiller principal de la société civile locale. 

Les activités ont été paralysées l’avant-midi de lundi dans le village Kighali.

Des miliciens “légitimes”

Les affrontements entre miliciens dans l’ouest de Lubero comme ailleurs ont surtout des motivations économiques. Certains groupes armés qui se voient “légitimes” dans les zones sous leur influence depuis des années ne veulent pas perdre les entités qu’ils contrôlent et qui génèrent des recettes issues des taxes illicites imposées aux populations. Ce que confirme l’autorité militaire de l’état de siège dans le territoire de Lubero. 

“Les Mai-Mai FPP de Kabido sont connus ici, mais l’autre groupe de Volcan veut aussi s’installer dans la zone pour commencer à tracasser la population”, a dit à ACTUALITE.CD, le colonel Alain  Kiwewa administrateur militaire du territoire de Lubero.

“D’habitude ces miliciens font payer à chaque habitant un jeton de 1000 FC le mois, si tu ne payes pas, ils t’obligent de verser une amende estimée à la valeur d’une chèvre. Voilà pourquoi ils se disputent à Lubero”, a-t-il ajouté.

Début mars finissant, les miliciens du groupe FPP de Kabido ont cédé à l'armée leurs positions situées dans la chefferie de Baswagha mais à à grande surprise, ils expandent leur activisme dans d’autres agglomérations comme les villages de Ivingu, Kighali, Kivale et Kikuli. 

Yassin Kombi