En marge de l’ouverture d’un sommet spécial de la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) ce 17 février, des membres de la société civile du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont fait un sit-in au siège de l'Union Africaine à Addis-Abeba (Ethiopie). Dans une déclaration commune, ils ont rappelés en treize points les impacts et contours de la guerre imposée aux populations et fait des recommandations aux participants.
« Depuis près de trente (30) ans, notre Province du Nord-Kivu, patrimoine commun, nous légué par nos ancêtres est le théâtre des conflits et des guerres qui ont endeuillé plusieurs familles, si pas toutes. (…) La femme, celle qui porte et donne la vie, est la principale victime et paie le lourd tribut de la situation sus évoquée, alors qu'elle est étrangère aux multiples causes de ces conflits meurtriers. Curieusement, elle n'est pas suffisamment impliquée et représentée dans les différents processus de résolution desdits conflits. En effet, c'est elle qui est violée, c'est encore elle qui est obligée de prendre toute la charge familiale lorsque son mari est tué au front ou devant sa famille », écrit la délégation.
Elle rappelle que de nombreux protocoles d'accord relatifs au rétablissement de la paix sont chaque fois signés mais la situation reste identique et se détériore. La délégation rappelle le cas le plus récent de Kishishe, le déplacement massif des populations (plus de 570.000 dont 65% sont des femmes et enfants pour seulement le Nord-Kivu), rejet de la femme violée (comptées par milliers) par son mari et la société entière, grossesses précoces et indésirables pour les jeunes filles, enrôlement des mineurs dans les groupes armés, taux élevé des maladies à infection sexuellement transmissibles, (surtout chez les enfants), mortalité infantile et déscolarisation des enfants.
Face à ce sombre tableau, « les femmes du Nord-Kivu, se disent résolues à faire entendre leur voix. Ne jamais se taire, réclamer la fin de ces atrocités et une justice en faveur de nos frères, soeurs et enfants massacrés sans motif ».
Un démenti aux allégations « cinglantes et mensongères » des officiels Rwandais
Par ailleurs, la délégation apporte un démenti aux allégations « cinglantes et mensongères » des officiels Rwandais relatives a un soutien du gouvernement congolais aux forces négatives FRDLR. Elle rappelle que de 1997 à 2003, le Rwanda a géré par le RCD tout l'Est de la RDC et avait donc, plein pouvoir pour en finir avec les FDLR. La société civile a été témoins du rapatriement des réfugiés rwandais y compris les FDLR par le HCR. En 2009, le Gouvernement avait accepté des opérations mixtes avec les forces de défenses rwandaises dans le but de poursuivre, dans leur dernier retranchement les troupes résiduelles FDLR (cfr, le rapport du 03 mars 2009 d'OCHA sur l'opération UMOJA WETU)
La délégation met à défi le Rwanda qui « prétexte sa violation du sol congolais par la protection d'une communauté, soit disant, en danger ». Les femmes de l'intercommunautaire du Nord-Kivu soulignent qu’en République démocratique du Congo, en général et, particulièrement au Nord- Kivu, toutes les communautés vivent en harmonie et aucune ne discrimine ou ne stigmatise une autre. « L'intercommunautaire du Nord-Kivu, composée de toutes les communautés y ressortissantes est la preuve matérielle de cette harmonie ».
Condamner le Rwanda, Obtenir le tribunal spécial
En termes des recommandations, l’équipe souligne « le respect des engagements des dispositions de la feuille de route de Luanda par le M23 et son allié, le Rwanda, la suppression de la zone tampon, le limogeage, sans délai, du commandant force Jeef Nyaga qui travaille contre la paix dans la sous-région ».
La délégation attend donc des pays membres de l'Union Africaine de « condamner le Rwanda pour l'agression de la RDC conformément aux dispositions de l'article 4 de l'Acte Constitutif de l'Union Africaine ». Ainsi qu’à l'Union Africaine d'aider la RDC à « obtenir l'actualisation du rapport Mapping et d'obtenir le tribunal spécial pour la RDC ».
Hormis cela, la délégation a plaidé pour une assistance humanitaire urgente en faveur des victimes de la guerre et des déplacés internes.
Il sied de signaler que les présidents William Rutto ( Kenya ), Joâo Lourenço ( Angola), Paul Kagame ( Rwanda), Evariste ndayishimiye ( Burundi), Suluhu Hassan ( Tanzanie) , Felix Tshisekedi ( RDC) ont répondu présent à ce rendez-vous, seuls les présidents Yoweri Museveni ( Ouganda ) et Salva Kir ( Soudan du Sud ) sont représentés au niveau ministériel.
Prisca Lokale