Alexis Gisaro sur le soutien du Rwanda au M23: “Si l’objectif de la guerre était de régler des problèmes tels que les FDLR, après toutes ces années on aurait trouvé des solutions”

Paul Kagame
Paul Kagame

La situation sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo ne cesse de se détériorer à la suite de l'expansion des rebelles du M23 qui occupent des pans entiers des territoires de Nyiragongo, Masisi et Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu.

En marge d'un échange avec la presse sur l'évolution de son secteur, le ministre d'État, ministre des Infrastructures et Travaux Publics, Alexis Gizaro a condamné l'agression rwandaise à travers le M23 qui sème la désolation au sein des populations. Pour lui, le prétexte utilisé par le régime rwandais d’intervenir chaque fois en RDC contre les menaces des rebelles hutus des FDLR, ne tient pas. 

"En tant que munyamulenge quel est mon sentiment, quelle est ma lecture de la guerre ou de cette guerre qui nous est imposée par le Rwanda en utilisant son supplétif qui est le M23. Je pense qu'il est temps que l'Afrique recourt à d'autres méthodes que les guerres, notre pays a été en guerre avec le Rwanda ou par le Rwanda interposé au moins à 4 reprises l'Afdl, le RCD, le CNDP, le M23 1, le M23 2 si l'objectif de la guerre était réellement de régler des problèmes tels que le FDLR le prétexte qui est utilisé aujourd'hui ou aux problèmes de stigmatisation de certaines communautés, je pense qu'après toutes ces années, toutes ces guerres, on aurait trouvé des solutions", a-t-il déploré en répondant à une des questions de la presse.

Il a fustigé l'attitude du Rwanda qui veut se faire défenseur de leur communauté sans en avoir le mandat. 

"Au jour d'aujourd'hui au contraire, il y a des gens qui veulent se faire porte-parole de notre communauté alors que nous-mêmes nous n'avons demandé rien à personne. Nous n'avons pas invité le Rwanda pour venir plaider notre cause et encore moins en causant la guerre à notre pays parce que ils enveniment la situation au contraire, nous pensons qu'on doit laisser aux congolais entre eux régler leurs problèmes, le Congo ne se transporte pas dans les autres pays même s'il y a une partie de sa communauté qui vit dans un autre pays pour régler les problèmes de ces communautés là ", a souligné ce membre du gouvernement.

Et de poursuivre :

"Aujourd'hui en tant que Munyamulenge, en tant que Tutsi congolais je considère que nous avons un leadership au niveau du pays qui est un leadership responsable et qui peut donner à chaque congolais sa place, s'il y a des extrémistes dans notre pays qui stigmatisent certaines communautés que les lois de notre pays s'en occupent. Pour moi, je pense qu'aujourd'hui et je répète si c'était les FDLR le problème après toutes ces guerres à répétition je pense que cette question aurait déjà pu trouver une réponse, si c'était ça l'objectif mais aujourd'hui on revient, on ramène la guerre, je pense que tout le monde voit clair dans le jeu".

Le gouvernement a, à plusieurs reprises, alerté sur l'intention des rebelles du M23 de commettre des massacres à grande échelle des tutsis congolais notamment dans le territoire de Masisi après la prise de Kitshanga. En novembre, la rébellion avait déjà exécuté des centaines de civils à Bambo et Kishishe, dans le territoire de Rutshuru. Les Nations unies ont donné un dernier bilan de 171 civils tués lors de cette expédition rebelle.

Le M23 continue d'occuper plusieurs localités dans les territoires de Masisi et de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. Cette situation n'a pas épargné des populations civiles résidant dans ce coin de la République Démocratique du Congo. Des centaines de personnes menacées par des combattants armés ont trouvé refuge dans et autour d'une base de la MONUSCO à Kitshanga.

Des tensions entre Kinshasa et Kigali persistent toujours, la question était au centre d'un sommet des États de l'Afrique de l'Est à Bujumbura. À l'issue de la réunion, les chefs d'Etats de plusieurs pays d'Afrique centrale et de l'Est ont appelé samedi à un "cessez-le-feu immédiat de toutes les parties" et un retrait de tous les groupes armés, "y compris les étrangers" dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette réunion des chefs d'Etat de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC, constituée de sept pays) à Bujumbura, la capitale du Burundi, intervenait en pleine recrudescence des violences dans l'Est congolais.

Clément MUAMBA