RDC-Rutshuru: le calvaire des déplacés

Conflit FARDC-M23/Les déplacés/Crédit Photo – BOYONGO KAYA/CICR
Conflit FARDC-M23/Les déplacés/Crédit Photo – BOYONGO KAYA/CICR

La situation humanitaire est toujours préoccupante à la suite de la reprise des combats entre M23 et FARDC. Plus de 300 000 déplacés ont été enregistrés, selon les chiffres de l’ONU. Les violences dans la zone réduit davantage l’espace humanitaire et les rares acteurs actifs dans la région témoignent.

« Je suis rentrée du territoire de Nyiragongo avec un sentiment de révolte face au désastre humanitaire généré par ces mois de conflit et dont les civils paient une fois encore le prix », a déclaré Rachel Bernhard, cheffe de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en RDC, dans un communiqué.

 « Les communautés déracinées de leur terre sont privées d’accès à leurs moyens de subsistance. Il est urgent qu’elles puissent rentrer cultiver leurs champs. »

A lui seul, le territoire de Nyiragongo accueille plus de 177 400 personnes déplacées selon l’ONU. On les retrouve principalement à Kibati et à Kanyaruchinya, à une cinquantaine de kilomètres du territoire de Rutshuru où se déroulent les combats et à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Goma. Parmi les priorités identifiées par les humanitaires : le logement, les installations sanitaires, les soins de santé, l’eau potable et la nourriture.

 J’ai neuf enfants à nourrir. Comme c’est difficile à moi seule de trouver à manger, je les envoie mendier au marché et le long des routes », confie Francine Twizeye, 33 ans. « Quand la nourriture manque, nous donnons notre part à nos enfants », souligne pour sa part Joséphine Habakurama, 32 ans.  

Si dans le territoire de Nyiragongo l’aide arrive généralement sans entrave, dans celui de Lubero, où se concentrent plus de 98 000 personnes déplacées, les acteurs humanitaires éprouvent plus de difficultés, rapporte le CICR.

Violences et mauvais état des routes accentuées par les pluies ne facilitent pas le travail des humanitaires alors que les besoins augmentent.

« Le nombre de déplacés ne fait qu’augmenter au fil des jours. Si les affrontements ne s’arrêtent pas, nous serons face une crise humanitaire qu’il sera difficile de maîtriser », prévient Anne-Sylvie Linder, cheffe de la sous-délégation du CICR au Nord-Kivu. « Nous rappelons de nouveau à toutes les parties au conflit leur devoir de protection des populations civiles et de leurs biens, comme le prescrit le droit international humanitaire. »

Pour les déplacés, la vie vire au cauchemar.

« Je couvre ma maison avec une bâche en plastique. Un déplacé n’a pas de choix, il se contente du peu qui se présente à lui », indique Sifa Rehama, mère de sept enfants. « Mon mari, mes trois enfants les plus jeunes et moi-même dormons ici. Nous laissons les plus grands se débrouiller chez les voisins ou dans un autre campement », poursuit-elle.

Même les besoins primaires sont difficiles à satisfaire.

Aline Murarizi explique : « Aujourd’hui, je me suis réveillée à l’aube, mais il y avait déjà des gens devant les six latrines qui existent. J’ai dû attendre une heure pour entrer. Parfois, cela finit en dispute. »

Dans ce cadre de vie insalubre, les conditions sont propices à l’apparition de maladies. Des cas de choléra ont été signalés, rapporte le CICR.