Lors de la cérémonie du lancement de la campagne annuelle des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre en RDC, le Cadre permanent de Concertation de la femme congolaise (CAFCO) a lu une déclaration à l’intention de la communauté tant nationale qu’internationale dont nous vous proposons les grandes lignes.
« Le peuple congolais subit depuis plus deux décennies les affres de la guerre et des violences innommables orchestrés par des groupes rebelles soutenus de l’intérieur et de l'extérieur . Les plus grandes victimes sont les femmes et les enfants », précise le texte.
Monuc, Monusco, … multiples accords de cessez-le-feu, pour quel résultat ?
« La présence des forces de l'ONU n'a pas pu dissuader les forces négatives, parfois défaites mais recyclées dans certains pays voisins. Plusieurs accords de paix signés par la République Démocratique du Congo tel que l'accord de cessez le feu de Lusaka (1999), l'accord Global et Inclusif de Sun City (2002), le Programme de Désarmement et Réinsertion (2004), le Communiqué de Nairobi (2007), le Programme AMI(2008), le Programme de Stabilisation et Reconstruction des zones des conflits armés (2009), l'Accord Cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la RDC et la Région des Grands Lacs (2013) malgré la signature de tous ces accords et la volonté affichée de la RDC, la situation s'est encore aggravée. De tous ces accords,force est de constater qu'à notre pays, on impose beaucoup plus d'obligations, au mépris des droits légitimes et de la souveraineté du peuple congolais, qui ne nous profitent pas. Tel que le brassage ou mixage qui consiste en l'intégration des forces négatives et étrangères dans les forces de sécurité congolaises. Véritable crime de guerre »
Le prétexte du Rwanda pour justifier ses attaques, ne tient plus
« À ce jour, le Rwanda est clairement identifié par le gouvernement de la République Démocratique du Congo comme étant le principal soutien du groupe terroriste M23, se rendant ainsi agresseur et parrain d'une entreprise criminelle dont les effets sont de troubler la paix dans la région des Grands Lacs, d'occuper des portions de territoire, d'occasionner les pillages des ressources naturelles de notre pays et de porter atteinte à la sécurité des congolais et de leurs biens.
Le prétexte fallacieux du Président Paul Kagame et de son gouvernement de poursuivre les ressortissants rwandais réunis dans les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, venus en République Démocratique du Congo à la suite de l’Opération turquoise en 1994 par la volonté de le communauté internationale n’est plus d'actualité dans le contexte actuel ».
Une communauté internationale sourde, aveugle, muette face au génocide en cours
« Le silence particulièrement coupable de la communauté internationale sur le génocide en cours en République Démocratique du Congo et sur d'autres crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les forces négatives, spécialement par les terroristes du M23 et par les éléments des forces de défense rwandaise démontre clairement la complicité de cette dernière. Exemple, la non condamnation de la récente agression rwandaise ».
« Plus 10 millions de morts et plus d'un millions et demi de déplacés, l'usage du viol comme arme de guerre durant près de 30 ans, la destruction systématique de la nature, le déplacement des populations des villages entiers, la création d'une génération de criminels, la destruction des infrastructures de base nécessaires au développement et d'autres méfaits déplorés ne semblent pas troubler la conscience de la communauté internationale pour se décider à mettre fin à une telle situation. A ce jour, combien de morts faut-il encore pour que la République Démocratique du Congo retrouve une paix définitive ? »
« Ce silence est perçu comme une injustice grave à l'endroit du peuple congolais, au moment où des Etats et multinationales tirent un profit économique de cette situation macabre par l'exploitation des matières premières dans les zones de conflits »
Recommandations
1. La fin immédiate de la guerre et le retrait de tous les terroristes et leurs alliés dans notre territoire
2. La création d'un Tribunal Pénal Spécial pour la RDC en vue de sanctionner les crimes des guerres et crimes contre l'humanité depuis 1995
3. L'accélération de la mise en place de la justice transitionnelle en vue de l'indemnisation des victimes des conflits armés
4. Le soutien aux efforts du Gouvernement de la République Démocratique du Congo pour l'instauration de la paix à l'Est du pays et la fin de l'insécurité qui endeuille chaque jour le peuple congolais
5. La levée du régime de notification d'achat d'armes imposée à la RDC
Pour rappel, le CAFCO réunit en son sein des centaines de mouvements et d'associations des femmes évoluant dans plusieurs secteurs en RDC. La déclaration a été lue par Félicité Kanku, représentante de cette structure au cours de l’activité organisée par le ministère du genre en collaboration avec le ministère du genre. En présence également du représentant résident des Nations Unies en RDC ainsi que celui du PNUD et d’autres personnalités congolaises.
Prisca Lokale