Les Nations Unies précisent que si les filles sont accompagnées durant l'adolescence, elles ont le potentiel de changer le monde en tant que mères, entrepreneures, et dirigeantes politiques. En marge de la célébration des droits des filles, Desk Femme a rencontré dans les établissements scolaires et universitaires de Kinshasa, celles qui dirigent les gouvernements des élèves.
Mvuezolo Princesse-Séphora, 11 ans, dirige le comité des élèves du Complexe-scolaire Kanda à Kasa-vubu.
« A 6 heures, je suis déjà là. Je dois vérifier qu’aucun élève n’est dans la salle pendant que le rassemblement se tient dans la cour. Je prends souvent la parole pour passer des communications aux élèves (…) Pendant la récréation, je réserve au moins cinq minutes, pour des brèves réunions avec les membres de mon gouvernement », explique la jeune fille, d’un air confiant.
Au Lycée Matonge, une école secondaire de l’Armée du Salut/Kalamu, Kangu Dorcas, 18 ans, est présidente. Elle en est à son deuxième mandat et décrit les actions menées l’année dernière.
« J’avais beaucoup de projets. Les grèves ont tout bousculé (…). Cependant, avec mon gouvernement, nous avons instauré la propreté des salles de classes. Nous avons doté l’école des corbeilles pour les déchets. Avec la direction, nous avons ré instaurer la discipline pour l’heure d’arrivée. Nous avons aussi organisé un festival culturel », a-t-elle confié.
Ndunu Kesamukanu, Sephina Watala, Kilala Musuna, et Dorcas Basele, âgées entre 17 et 19 ans, sont membres du gouvernement de Saint-Joachim, une école mixte de Matete. Installées depuis deux semaines, elles se sont fixées des objectifs pour réussir leur mandat « Nous voyons dans la politique active comment les choses se passent (…). Pour apporter un changement au sein de l’école, nous allons faire régner l’ordre et la rigueur, le respect et la discipline », disent-elles, respectivement Vice-Présidente, Deuxième VP, Ministre des finances et Ministre de la Culture.
A l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA) situé à Barumbu, Trecy Ngoy est secrétaire générale de la coordination estudiantine. « Je préside souvent les réunions. Je rédige des lettres pour le compte de la coordination. Nous avons organisé une conférence débat pour préparer les étudiants à une adaptation professionnelle. Nous avons aussi lancé FAC-Assaini, un programme d’assainissement du milieu universitaire », explique-t-elle, âgée de 24 ans.
A 22 ans, Joséphine Mawete, occupe le poste de Présidente à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC Gombe). « Nous dirigeons l'IFASIC pour être parmi ceux qui l'auront marqué. Quatre piliers résument notre vision: renforcement de la communication entre étudiants et autorités académiques, instauration d'une culture “event”, multiplication et facilitation des opportunités pour les étudiants » affirme celle qui a été vice-présidente l’année dernière.
Pour avoir obtenu les meilleures côtes lors d’une dictée, Mvuezolo Princesse-Séphora a été proclamée Présidente du comité des élèves. Dorcas Kangu a été élue par les Cheffes des classes et leurs adjoints (21 salles x 2) face à quatre candidates de la sixième année.
A Saint Joachim, 4 filles et 1 garçon avaient postulé. Les filles ont battu campagne. Le seul candidat, malade ce jour-là, s’est absenté. « Le préfet a proclamé le président du gouvernement ». L’ISTA et l’IFASIC sont passés par des élections au mois d'août dernier. « Cela n’a pas été facile. J’avais une double difficulté, le fait d’avoir travaillé dans le gouvernement et le défi d’être femme. Des challenges qui ne m’ont point lâché », confie Joséphine Mawete.
Une présidente a déclaré « avoir eu recours à ses moyens plusieurs fois ». Une autre a confié que « les corbeilles ont été achetées à ses frais et des membres de son gouvernement. Lors des activités culturelles, elle devait combler certaines dépenses ». Les élèves de Saint Joachim espèrent « se cotiser ».
En effet, l’arrêté ministériel n’évoque pas le budget. Les élèves peuvent se contenter de la bienveillance de la direction de l’école, précise Ephrem Luminuku, personnel attaché au comité des élèves du Lycée Matonge. « Non, ils n’ont pas besoin de budget. Avec le bon sens, l’école devrait offrir au moins un rafraîchissement lors des réunions ».
Les établissements d’enseignement supérieur ont un budget estimé à quatre chiffres. Il est géré par les autorités et peut être modifié sur une demande écrite de la coordination.
Par ailleurs, Desk Femme a constaté que les membres de ces gouvernements avaient une connaissance générale des postes qu’elles occupent (en référence au niveau national). Cependant, elles ne savaient pas les appliquer au niveau des écoles. Une présidente a affirmé, «j’ai dirigé l’école selon mes idées et initiatives. On ne savait pas exactement qui devait tenir des réunions avec nous ».
Aussi, ces comités d’élèves ne sont pas concrètement impliqués dans les décisions de l’école.
« Parfois, les comités ne sont pas écoutés. Les préfets ne veulent pas suivre les plaidoyers des élèves parce qu’ils craignent d’être destitués à cause de cela », a confié l’autorité d’une école.
Au niveau du secrétariat général de l'EPST (organe chargé de l'exécution de ce programme), Robert Mpimo Nondo, chef de bureau à la Sous-Division Gombe a fait savoir qu'un suivi s'effectue au niveau des écoles. Trois fois, en raison de trois trimestres pour l'école primaire et deux fois en raison de deux semestres pour le secondaire. "Lorsque nous observons des couacs, nous faisons des recommandations aux chefs d'établissement ainsi qu'aux directeurs de discipline" a-t-il indiqué.
Prisca Lokale