RDC-dépigmentation de la peau : « que faire pour retrouver sa peau d’origine ? » tentatives de réponse avec le dermatologue Théo Kanda

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

Dans l’un de ses rapports, l’OMS reconnait que l’usage des éclaircissants atteint plus de 50% au Togo, 27% au Sénégal et 25 % au Mali. En RDC, ce phénomène regagne du terrain avec des nouveaux types de produits.Que faire lorsque sa peau est affectée ? Le médecin dermatologue Théo Kanda a partagé son expertise.

Bonjour Docteur Théo Kanda Bangabiau et merci d’avoir accepté de nous accorder de votre temps. Depuis combien de temps travaillez-vous spécifiquement dans le traitement de la peau ?

Dr Théo Kanda Bangabiau : Bonjour et merci DeskFemme. Je suis médecin spécialiste en dermatologie depuis près de 40 ans. Je travaille au sein des cliniques universitaires de Kinshasa (CUK). Je suis également Chef de travaux à la faculté de médecine de l'Université de Kinshasa.   A Kinshasa, différentes formes des produits sont vendus dans le but d’éclaircir la peau humaine. Notamment des vitamines, des comprimés, des injections de glutathion ou encore des sérums. Est-ce qu’une utilisation prolongée pourrait  affecter la peau ?

Dr Théo Kanda Bangabiau : l'intégrité de la peau est une garantie pour la préservation de la santé de la peau. Or, les différents produits utilisés pour éclaircir la peau, notamment les substances chimiques actives, s'attaquent au pigment mélanique qui donne à la peau toute sa couleur. L'absence de protection vis à vis des effets nocifs du soleil, les effets secondaires de ces produits appliqués, la durée dans le temps et la dépendance psychologique qui en découle sont autant de facteurs contributifs au développement des maladies.   Certaines personnes possèdent des taches bleues, noires ou vertes sur leurs visages pour avoir utilisé ces produits. Existe-t-il des remèdes pour retrouver sa peau d’origine ?   Dr Théo Kanda Bangabiau : il existe plusieurs modes pouvant entraîner ces taches, l’usage des produits à base de l’hydroquinone ou autres. J’estime cependant que le meilleur remède demeure la prévention. Dès qu’un produit manifeste des conséquences néfaste sur la peau, il faut arrêter son utilisation  pour ne pas empirer la maladie. Il va falloir ensuite recourir à médecin spécialiste de la peau qui pourra prescrire un antitache approprié.   En tant que médecin dermatologue, en moyenne par semaine, combien de cas de depigmentation de la peau recevez vous à votre cabinet ?

Dr Théo Kanda Bangabiau : paradoxalement, il s'avère que les affections consécutives à cette pratique ne constituent pas souvent un motif de consultation chez le dermatologue. Plusieurs motifs peuvent être évoqués dont l'accessibilité, le sentiment de culpabilité que ressent le patient et qui détermine une certaine gêne à se présenter chez le médecin. Les malades viennent à compte-gouttes, non quantifiables par semaine.   Avez-vous d’autres recommandations ?

Dr Théo Kanda Bangabiau : exactement ! D'abord, on ne parle pas beaucoup de ce phénomène social dans les médias pour informer, éduquer et conseiller la population sur les produits bons ou mauvais pour la peau.  Sur ce point les fabricants des cosmétiques, les importateurs doivent être contrôlés par les entités étatiques qualifiées pour la mise sur le marché de bons produits. Les médias devraient aussi multiplier des articles de presse sur cette question de santé publique.   Propos recueillis par Prisca Lokale