RDC : « certains d’entre nous ont failli dans leur mission », des parents kinois s’expriment à propos de l'argent facile qui attire les jeunes

Photo/ Actualité.cd
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Les réseaux sociaux ont récemment été "inondés" par des publications concernant des pratiques zoophile et scatophile prétendus sévir dans les milieux des influenceurs d'origine africaine. Ces pratiques soulèvent en filigrane un point important, celui d'un train de vie ponctué par le luxe et des voyages vers des destinations de rêve. Que pensent les parents kinois de tout ceci?  De la commune de Makala à Bumbu, en passant par Selembao, des parents ont exprimé leur point de vue. 

« J’ai eu très mal en apprenant ces faits. Mais, je pense que le manque est la raison de base qui peut pousser les jeunes à se livrer à ces actes. Certains deviennent pratiquement homosexuels parce qu'on leur propose des sommes importantes. En tant que mère, je suis dépassée par cette situation. Et s'ils venaient à mourir ? Qu’adviendra-t-il des sommes d’argent qu’ils reçoivent ? », s'interroge Espérance Mitonga, vendeuse de pain dans la commune de Makala.

Si Nzola Fukiau estime que ces actes constituent une déviation pour la nature humaine, Gisèle Nongona évoque des raisons occultes. 

"C’est une honte pour la nature humaine de se livrer à des pratiques comme celles-là. Qu’il s’agisse des hommes qui payent pour la scatophilie ou des femmes qui se soumettent à la zoophilie, ce n’est pas la seule voie qui reste pour trouver facilement de l’argent", déplore Nzola Fukiau, dans une parcelle sur le long de l'avenue Elengesa (Makala). 

Poursuivant son argumentaire, elle évoque également les multiples activités disponibles à l’époque actuelle pour trouver facilement des moyens financiers. "Nous sommes à une époque où les femmes se battent, elles travaillent tant dans les bureaux que dans la rue pour être financièrement autonomes. Elles vendent de l'eau en sachet, des pains, des légumes, des accessoires en plastiques, des nappes, des fruits, et plusieurs autres choses pour subvenir à leurs besoins. Elles y arrivent. Avec de la patience, on peut toucher ces sommes élevées sans se corrompre", a-t-elle affirmé. 

À Gisèle Nongoma, tresseuse à Bumbu, de renchérir « Il n’y a jamais d’affaires sans contrepartie. On ne devrait même pas dire que ces femmes gagnent facilement de l'argent. Elles souffrent psychologiquement et même au niveau de leur santé physique. Manger des excréments humains doit nécessairement avoir un impact sur la santé(...)J’espère que les auteurs de ces actes ont un objectif bien précis, au-delà des sommes qu’ils offrent aux jeunes femmes. Je pense que ces pratiques sont attachées à des œuvres occultes. Il y aura certainement des conséquences sur la santé et la vie de ces femmes ». 

Les parents ont-ils failli à leur mission ? 

Deux hommes ont également donné leurs points de vue à ce sujet. Alexandre Biyidi estime que certains parents ont failli à leur mission d'orientation tandis que Anicet Lomboto évoque la perversion dans la jeunesse actuelle. 

« Il faut reconnaître que certains d’entre nous ont failli dans leur mission d’encadreur. La bible dit, montre à ton enfant la bonne voie, il ne s’en détournera pas quand il sera vieux. La bonne voie consiste aussi à dire à sa progéniture que peu importe le niveau de pauvreté que l’on peut rencontrer dans son parcours, il faut refuser d’emprunter des voies tortueuses, qui tôt ou tard nuiraient à sa vie. Je ne pense pas que toutes celles qui se sont engagées dans ces pratiques aient reçu cet enseignement. En tout cas, j’ai des doutes », estime Alexandre Biyidi, mécanicien depuis plus de 20 ans, père de 7 enfants dont quatre filles. 

« Comment un parent peut-il réagir face à ces actes ? Personnellement je ne sais pas comment je réagirais si j’apprends que ma fille se livre à ces pratiques. Dois-je la renier ? Devrais-je porter plainte contre les auteurs ? En tout cas, la génération actuelle est pervertie. On n'aurait jamais imaginé de telles déviations », regrette  Anicet Lomboto, Père de 5 enfants à Bumbu, au chômage actuellement. 

Henriette Makaya, à Selembao, est mère de cinq filles. Elle confie les avoir toutes initiées à son petit commerce des braises. 

« Je ne peux en aucun cas permettre à ma fille de se livrer à ces actions. Toutes mes filles n'ont pas réussi à aller à l'université. Mais, j'ai fait de mon mieux pour qu'elle s'adapte à ce commerce. L'aînée qui aura bientôt 30 ans s'en sort très bien. Si l'une d'entre elles se livre à ces actes, je la renierai. Nous n'allons jamais nous entendre jusqu'à ma mort (...) Aux jeunes femmes qui pensent qu’elles peuvent également emprunter ces voies tortueuses, je la leur déconseille. Elles doivent reprendre conscience », conseille Henriette Makaya, mère de cinq filles à Selembao.

Prisca Lokale