RDC : des jeunes femmes livrent leurs points de vue sur l’Affaire Dubaï Porta Potty

Photo/ Actualité.cd
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Sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours, de nombreuses publications en rapport avec des vidéos illustrant des pratiques scatophiles ou zoophiles alimentent les conversations. Nombreuses sont les personnes pour qui il est surtout question de gagner facilement de l'argent en s'adonnant à ces pratiques sexuelles déviantes. Le desk Femme d'Actualité.cd est aller à la rencontre des Kinoises pour recueillir leurs avis à ce sujet.

"C'est regrettable ! L'avènement des réseaux sociaux a amené la jalousie, la concurrence, l'envie et  bien d'autres maux. Les gens pensent que tout ce que les influenceurs nous montrent c'est exactement ce qu'ils vivent ou qu'ils possèdent dans leur quotidien. Cela est très faux. Les filles veulent porter des grandes marques, fréquenter des milieux huppés...je pense que c'est ce qui à la base de ces actes (scatophilie/zoophilie. Ndlr). J'espère que les autorités vont prendre des mesures", souligne Gisèle Furaha, qui passe en première année de licence gestion financière à l’Institut Supérieur du commerce (ISC Kinshasa). 

Gisèle n’est pas la seule à exprimer son regret. Aline Ngusi et Marlène Ntumba partagent le même ressenti. 

"J'ai été fort surprise lorsque j'ai entendu parler de ces vidéos ! Où va le monde ? Nous avons connu l'histoire des femmes qui piégeaient les hommes et publiaient des vidéos à caractère sexuel pour faire chanter les hommes et se faire de l'argent. Je ne m'étais jamais imaginée que les filles iraient jusqu'à ce point. J'ai refusé de les regarder. J'en ai juste entendu parler par mes proches qui ont vu les vidéos. C'est écœurant", s’est exclamée Aline Ngusi, étudiante en deuxième année de graduat à l'université William Booth. 

Gagner dignement son argent

A Marlène, 25 ans, vendeuse dans une bijouterie en ville d’ajouter, "J'ai vomis après avoir regardé ces vidéos. Je n'ai pas pu supporter ce que j'ai vu! C'est vrai que les temps sont difficiles, il faut le reconnaître. Mais aller jusqu'à se livrer à des pratiques très malsaines comme celles-là pour se faire de l'argent, c'est extrême!" 

Poursuivant son point de vue, elle livre quelques confidences. "Je peux vous dire que j'ai quitté la maison sans rien manger. J'habite la commune de Kimbanseke, j'arrive au bureau à 7 heures. J'ai deux sœurs à nourrir et ma mère qui se débrouille pour subvenir à nos besoins. Il est 15 heures. Nos employeurs ne nous donnent aucun frais encore moins une pause. Nous travaillons durement pour gagner 50 $ à la fin du mois. Mais avec tout cela, je ne me livrerai pas à ces pratiques. Je préfère gagner mon argent dignement". 

Dures conditions de vie?

Si les opinions précédentes tentent d’expliquer les raisons qui seraient à la base de ces pratiques, certaines kinoises se posent une série de questions qui restent à ce stade sans réponse. 

"Que gagnent ces hommes à déféquer dans les bouches des jeunes filles ? Je ne cesse de m'interroger. Pourquoi sont-ils arrivés à ce point ? Pourquoi paient-ils pour cela ? Pourquoi les femmes acceptent ce genre de pratique et s'y soumettent? Pourquoi ont-elles choisi cette alternative pour se faire de l’argent ? J'ai un tas de questions qui résonnent dans ma tête. Je voudrais tellement avoir des réponses" confie Céleste Kakazi.

"Je pense que les conditions de vie difficiles sont parmi les raisons qui ont poussé les femmes à se livrer à ces pratiques », explique Dorcas Ntamba, responsable d’une cabine téléphonique dans la commune de Kinshasa. 

Et de renchérir,"la vie est devenue plus chère qu'il y a quelques années. Les filles sont exposées. La technologie évolue mais nous ne pouvons pas nous offrir un certain luxe parce que nos parents sont très pauvres. Nous nous battons par nous-mêmes. Et certaines acceptent de se livrer à ces pratiques. Je pense vraiment qu'il ne faut pas juste les condamner ou juger leurs choix."

Prisca Lokale