De la première audience dans l’affaire pollution des eaux congolaises au match de football opposant la RDC au Maroc, en passant par la réouverture des débats dans le procès Floribert Chebeya et le plaidoyer des députés provinciaux pour la requalification de l'état de siège, la semaine qui s'achève à été riche au niveau de l'actualité. Arlette Odia Kashama revient sur ces faits marquants.
Bonjour Madame Arlette Odia et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Arlette Odia : Je suis juriste, formée à l'Université de Kinshasa (UNIKIN) en option Droit Privé et Judiciaire, après avoir obtenu mon diplôme d'Etat en section littéraire au Lycée Kabambare à Kinshasa. Je suis également avocate au barreau près les Cours d'appel de la Tshopo et Kinshasa/Gombe. Ancienne vice-maire général et maire général de la résidence estudiantine dénommée Home 80 à l’Université de Kinshasa. En politique, je suis présidente nationale honoraire de la ligue des Femmes du Parti Politique Dynamique Congo Uni (D.C.U). Actuellement, personnalité politique et présidente exécutive du Collectif pour le Développement et l'Unité du Congo. Le CDUC a pour activité de sensibiliser la population, les dirigeants, l'opposition et les leaders d'opinion sur leurs rôles respectifs dans la société ainsi que leur responsabilité dans le développement du pays.
La semaine a débuté avec la première audience dans le procès opposant les populations du Kasaï à la société angolaise Catoca, suite à la pollution des eaux survenue entre juillet et août 2021. Quelles sont vos attentes par rapport à ce sujet ?
Arlette Odia : Nous attendons moins des autorités judiciaires et plus des autorités politiques. De nos jours, la justice n'est pas administrée dans le sens de satisfaire les judiciables, nombreux parmi eux sont déçus de ne pas être indemnisés correctement. En attendant que l'administration judiciaire s'améliore, je sollicite que des fonds soient mis à la disposition de toutes les victimes de la pollution des eaux de la rivière Kasaï en passant par le Ministère des affaires sociales.
Sachant que la partie angolaise, précisément la société Catoca, ne s'était pas présentée à la première audience, quelles peuvent être vos recommandations à l'égard de la Cour ?
Arlette Odia : l'implication de l'Etat congolais est indispensable pour assurer la comparution de la société Catoca, sans laquelle les efforts de la Cour pourraient ne rien produire d'efficace.
Cette semaine, un soldat et onze civils, en majorité des vieillards, ont été tués lors des représailles menées par des membres du groupe rebelle CODECO en Ituri. Entre-temps, les députés provinciaux du Nord-Kivu plaident pour la requalification de l'état de siège en état d'urgence sécuritaire. Quelle réponse attendez-vous du gouvernement ?
Arlette Odia : le gouvernement doit intégrer ses différents partenaires dans la gestion de la crise de l'Est, notamment la société civile. Il va falloir aussi se pencher sur la requalification, la levée ou le maintien de l'État de siège, qui se révèle de moins en moins rentable.
Toujours en sécurité, le député provincial du Nord-Kivu Promesse Matofali demande au Chef de l'État de doter les populations de Beni (Nord-Kivu), Mambasa, Irumu et Djugu (Ituri) d'armes pour les aider à se défendre contre les groupes armés ADF et CODECO. Que pensez-vous de cette proposition ?
Arlette Odia : la proposition du député Promesse Matofali est l'expression d'un ras-le-bol dû à l'indifférence du gouvernement face aux nombreuses recommandations de la société civile et des élus des provinces concernées par l'Etat de siège. Le gouvernement doit les écouter et lever une option.
Dans un reportage réalisé par Actualite.cd jeudi, les témoignages démontrent qu’après le régime Kabila, le mauvais traitement des congolais travaillant dans les commerces des expatriés demeure en progression. Quelles sont vos recommandations au ministère de l’emploi et du travail ?
Arlette Odia : le Ministre de l'emploi et du travail doit faire un état des lieux sur la situation générale de l'emploi en RDC. Malgré les dispositions légales favorables aux travailleurs, ceux-ci continuent à être les victimes de leurs employeurs, aussi bien au travail que devant les instances judiciaires.
Le mois consacré à la célébration des droits des femmes touche à sa fin. Cette année, les thèmes choisis à tous les niveaux ont placé un focus sur les solutions au changement climatique, l'égalité des sexes et l'autonomisation. Qu'avez-vous fait au cours de ce mois, pour démontrer votre engagement dans cette lutte ?
Arlette Odia : nous avons sensibilisé les étudiants de l'Unikin, ceux de l'université William Booth( UWB) ainsi que ceux de l’Université Pédagogique National (UPN) à participer activement à cette lutte pour une société égalitaire et durable.
En justice, la haute cour militaire a décidé de la réouverture des débats dans le procès en appel sur le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Cette juridiction souhaite être éclairée au sujet de l'infraction de désertion mise à charge de Paul Milambwe et exige la comparution de certaines personnes suivant la suggestion des parties civiles. Que pensez-vous de cette décision ?
Arlette Odia : après autant de semaines d'instructions du dossier, il nous paraît étrange et irrationnel que les juges aient besoin d'autres informations de certaines personnes. Ils sont peut-être inefficaces. Ils doivent savoir que les parties civiles et les accusés sont pressés de connaître leur sort et passer à autre chose.
Le match opposant la RDC au Maroc dans le cadre des éliminatoires pour la coupe du monde s'est soldé par un match nul (1-1). Quelles sont vos attentes pour le match retour du 29 mars?
Arlette Odia : le résultat du match RDC-Maroc nous est paru sans surprise. Quand l'Etat n'est pas correctement géré, les conséquences se font sentir dans tous les domaines, le sport y compris. Le gouvernement doit tirer les conséquences et réajuster son action pour l'intérêt supérieur de la Nation.
Un dernier mot ?
Arlette Odia : le CDUC est une organisation au service des populations congolaises. Les dirigeants ont intérêt à nous écouter pour l'intérêt de la Nation. On regrette que ce ne soit pas souvent le cas. Merci beaucoup.
Propos recueillis par Prisca Lokale