De l'incursion des forces armées rwandaises à la table ronde inclusive sur le fonds national de réparations, en passant par la sanction reçue par les Léopards seniors dames par la CAF, la semaine qui s’achève a été riche au niveau de l'actualité. Georgette Biebie revient sur ces faits marquants.
Bonjour Madame Georgette Biebie et merci de répondre à nos questions. Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours ?
Georgette Biebie : Bonjour Desk Femme et merci. Je suis enseignante à la Faculté de Pharmacie/ UNIKIN et surtout une militante et combattante pour la Protection et la Promotion des Droits Humains en général et ceux des femmes en particulier. J'ai obtenu 4 Prix Honorifiques ; en 2004 décerné par les Journalistes Politiques Independants ( Promotion du Genre et Leadership Féminin), en 2016 octroyé par ONU-FEMMES ( Autonomisation des Femmes et Leadership Feminin ) , en 2018 par l'Union Congolaise des Femmes des Medias ( La TOURRAINE ) , Kikwit/ KWILU, le 4ème octroyé par la Commission Nationale des Droits de l'Homme ( Participation Citoyenne et Leadership Feminin). Je suis la présidente de la Gbsfoundation, qui encadre les activités génératrices des Revenus ( AGR ) en vue de les transformer en PME , source de création d'emplois et de richesse pour les femmes. Je suis enfin femme politique ,cadre de Ensemble pr la République, au sein duquel nous militons pr l'instauration d'un Etat de droit en RDC.
Il y a eu incursion de quelques militaires du Rwanda dans le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu lundi dernier. L'ambassadeur rwandais en RDC a évoqué un « incident d’erreur souvent répétée », les autorités militaires quant à elles ont signalé « des cas de pillages et des villages qui ont été brièvement occupés ». Quelle est votre analyse de la situation ?
Georgette Biebie : l'incursion des militaires rwandais dans 6 villages du Nord Kivu m'a beaucoup choquée et cette histoire est une humiliation de plus pour notre pays(...). Comment expliquer une telle incursion sous état de siège ? Les autorités locales devraient doubler de vigilance pour assurer l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du territoire et empêcher ainsi ces ignobles incursions qui entrainent de nombreux cas de viol et d'atrocités envers les filles et les femmes.
48 heures plus tard, le porte-parole du gouvernement a qualifié cet acte « d’incident mineur ». Que pensez-vous de cette position de l’exécutif congolais ?
Georgette Biebie : le gouvernement ne devrait pas prendre à la légère ce genre d'incidents qui sont sources de violation grave des droits humains dans cette partie de la RDC. Ces incidents considérés comme mineurs permettent pourtant l'occupation de notre territoire par des étrangers qui n'aspirent qu'à la balkanisation de la RDC. Nous avons intérêt à faire très attention.
Alors que Moïse Katumbi a écrit au Chef de l’Etat pour lui demander de rejeter la liste des membres de la CENI entérinée par l’Assemblée nationale, Félix Tshisekedi a procédé à l'investiture vendredi soir. Quel est votre avis à ce sujet ?
Georgette Biebie : j ai cru qu'au nom de la recherche de la paix sociale et de la cohésion nationale, le président Félix Tshisekedi n'allait ni avaliser, ni investir la liste non consensuelle et non complète de Denis Kadima et son équipe à la CENI. Mais le garant du bon fonctionnement des Institutions ayant décidé, les forces sociales et politiques qui n'ont pas approuvé cette façon de faire, observent et vont aviser.
En cours de semaine, le bureau de la Première dame a organisé une table ronde inclusive pour la mise en place du Fonds national de réparations mais aussi la proposition d’une loi portant politique de réparation en RDC. Que représente pour vous cette mobilisation de Denise Nyakeru ? Quelles sont vos recommandations par rapport aux conclusions remises au premier ministre ?
Georgette Biebie : en tant que militante pour la protection et la promotion des droits des femmes, je considère que la mise en place d'un Fonds National de Réparations est une initiative très louable mais encore faut-il que ce Fonds soit doté des moyens pour l'effectivité de ses actions, et que ces fonds parviennent aux survivantes des violences sexuelles. Qu'ils ne soient pas détournés. Ce sont là mes recommandations.
Concernant la gratuité de l’enseignement, des centaines d'élèves en uniforme ont assiégé le Parlement pour réclamer la reprise effective des cours, trois semaines après l'annonce officielle de la rentrée sur fond de grève des enseignants. Demain, une nouvelle semaine va commencer. Que pouvez-vous suggérer au gouvernement ?
Georgette Biebie : si le gouvernement en place à été nommé des "warriors", c'est notamment pour répondre aux préoccupations des populations de toutes catégories sociales. A mon humble avis, le ministre de l'Enseignement Primaire Secondaire et Technique devrait poursuivre les négociations avec les syndicalistes et le comité des parents d'élèves en vue de trouver un compromis. C'est à travers le dialogue qu'ils finiront par trouver des solutions durables à toutes ces questions qui provoquent des remous sociaux. Ce climat de tension n'est pas bénéfique pour toutes les parties.
En sport, faute des moyens pour leur déplacement vers Malabo (en Guinée-Equatoriale), les Léopards seniors dames ont été sanctionnés par un forfait dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Comment réagissez-vous face à cette sanction de la CAF?
Georgette Biebie : je commencerai par féliciter ces braves léopards seniors qui par soucis de vouloir à tout prix participer à cette prestigieuse compétition africaine , ont passé la nuit à la belle étoile en espérant qu'elles finiront par partir à Malabo. Sous d'autres cieux, le ministre des Sports aurait déjà démissionné par dignité. Ce ministre n'aura même pas d'explications à donner au peuple congolais indigné par la persistance de ce comportement.
Un dernier mot ?
Georgette Biebie : en tant que militante pour la protection et la promotion des droits des femmes, j'espère de tout cœur que le président de la République, qui est le capitaine du navire Congo, prendra sous la puissance de l'esprit de Dieu, des bonnes décisions démocratiques, afin d'éviter une dérive dictatoriale en RDC. S'il respecte ses engagements, il peut compter sur les forces acquises au changement, sinon le pays risque de sombrer pour toujours dans l'anarchie.
Propos recueillis par Prisca Lokale