RDC : des kinoises livrent leurs témoignages à propos du cardinal Monsengwo Pasinya

Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque émérite de Kinshasa sera inhumé la semaine prochaine. Il est décédé le 11 juillet à Paris. Figure incontournable du clergé et de la vie politique en RDC, il aura traversé les temps forts de l'histoire du pays. Le Desk femme d'Actualité.cd est allé à la rencontre des Kinoises qui se souviennent de son engagement pour la cause du peuple.

« Kinshasa Teleme o ngenge na mwinda mwa Kristu» c’est cette phrase du cardinal  Monsengwo dont se souvient Marie-Anne. « C’est la chanson principale que nous retenons de lui. Msgr Monsengwo a prouvé que servir Dieu et lutter pour une société plus juste n’était pas un péché. Cette chanson nous rappelle que nous sommes le sel de la terre, qu’en tant que ville, nous devrions nous lever, poser des actes de lumière. Il va beaucoup nous manquer. » dit-elle, fidèle catholique, de la paroisse St Luc à Ma campagne (Ngaliema).

  
Dimanche 4 juillet, alors que Monsengwo, du haut de ses 81 ans était déjà souffrant et que l’information  était relayé sur les réseaux sociaux, le cardinal Fridolin Ambongo invitait les fidèles à prier.  Le message sera également partagé par le Vatican. Une semaine plus tard, dimanche 11 juillet, la même intention de prière est répétée dans les différentes paroisses du monde en général et de la RDC en particulier. 

Thérèse Nyankoyi, devant une bassine de pain, était à la messe de la paroisse Saint-Rombau de Barumbu.

« Nous avons tous intercédé, nous l’avions fait au cours de la semaine et dimanche à la messe. Nous avons intercédé en faveur de sa santé (…) Mais il a plu à Dieu de rappeler à lui son serviteur… Que son âme repose dans une paix éternelle ! », a-t-elle confié. 

Il s’est démarqué à travers des discours parfois sévères

Rosette, Solange et Charlotte se rappellent des discours du cardinal Monsengwo envers les acteurs politiques congolais. Du Zaïre à la troisième République, chacune d’elles donnent son point de vue. 

« Laurent Monsengwo était un homme de principe, de logique. Cela pouvait se voir à travers ses discours. Il voulait s’engager dans une lutte et aller jusqu’au bout. Il a fait son parcours au sein de l’église jusqu’à devenir une personnalité influente du pays, » dit Rosette Ngisila, dans une boutique des mobiliers à Gombe. 

Et de renchérir, « J’ai toujours cru que le Vatican a une politique qu’elle mène par le moyen des hommes d’églises catholiques dans chaque pays. Et le cardinal Monsengwo en est la preuve. Il a su poser et faire entendre sa voix ». 

Se rappelant du discours de Monsengwo en janvier 2017, à la suite des répressions violentes contre les manifestations anti-Kabila, Solange affirme, « Msgr Monsengwo était une personne très engagée dans ce qu’il faisait. Autant dans l’église que dans la communauté. C’est ainsi qu’il s’est démarqué à travers des discours parfois sévères à l’égard des hommes politiques congolais. Qui pouvait croire qu’il pouvait être si dur dans les propos suite aux marches du CLC ? C’est tout ce que j’ai apprécié de lui. »

 « Msgr Monsengwo a traversé différents régimes en RDC. Le Zaïre, sous le maréchal Mobutu, la RDC sous le président Laurent-Désiré Kabila, sous Joseph Kabila Kabange et sous l’actuel Chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Il a énormément lutté pour la paix et la démocratie dans ce pays. Peut-être qu’il a encadré certains jeunes prêtres dans cette lutte. Ils peuvent poursuivre son combat et porter leurs voix en faveur de la paix et de la démocratie. J’y crois fermement », a dit à son tour, Charlotte Imbanda.

 
Pour rappel, ordonné prêtre en 1963, puis évêque en février 1980 par le Pape Jean-Paul II, le cardinal a occupé diverses fonctions, notamment celles d'évêque auxiliaire d'Inongo, évêque auxiliaire de Kisangani, archevêque de Kisangani et archevêque de Kinshasa. Il aussi été le président du SCEAM, le symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar.

Il a été élevé au rang de cardinal le 20 novembre 2010 par Benoît XVI. Msgr Monsengwo avait quitté le conseil des cardinaux en octobre 2018, un mois avant de prendre sa retraite en tant qu’archevêque émérite de Kinshasa.

Prisca Lokale