La table ronde pour la mise en place d’un fonds national des réparations en faveur des survivantes des violences sexuelles en temps de conflits s’est clôturée le 31 mars à Kinshasa. Initiateur de l’hôpital et de la Fondation Panzi, le docteur Denis Mukwege a, au cours de ces assises lancé un message à l’endroit des participants. Desk Femme vous propose un retour sur quelques phrases clés.
« Depuis plus de 20 ans, les violences sexuelles sont une arme de guerre utilisée par toutes parties en conflits dans notre pays pour tuer, stigmatiser, exclure des femmes, des hommes, des enfants, des communautés toutes entières. Ces violences sexuelles sont des véritables instrumentes de déshumanisation aux conséquences dramatiques. Dans notre pays, les survivant.e.s sont plongés dans une détresse sans commune mesure. Cette situation ne peut perdurer. Non seulement les victimes continuent de vivre avec des lourds traumatismes physiques et mentaux, mais elles ne peuvent pas non plus reconstruire leurs vies et aspirer enfin à une certaine sérénité. »
Une reforme du secteur de la justice s’impose
« Les réparations auxquelles les victimes ont droits, représentent une mesure de justice. Elles reconnaissent également les préjudices infligés et fournissent un soutien financier ou matériel pour se reconstruire dans la dignité. Pourtant, seules une minorité des survivant recevront des réparations dans un mécanisme de réparations formelles en particulier dans une République Démocratique du Congo où une réforme du secteur de la justice s’impose. Les obstacles sont multiples, parfois les victimes ne connaissent pas et ne sont pas en mesure d’identifier leurs bourreaux, ni leurs uniformes. Même dans les cas où elles connaissent l’auteur, déposent plainte et obtiennent un jugement, celui-ci est rarement exécuté. Ce qui laisse les survivant.e.s avec un gout amer de justice à moitié rendue. »
Il est urgent de mener une réelle politique de réparation
« Aujourd’hui, il est urgent de mener une réelle politique de réparations. Des initiatives variées existent déjà. Différents ministères travaillent à la mise en place des mesures des réparations et de justice transitionnelle. Mais la création d’un Fond national des réparations pourrait en être le plus vibrant témoignage. Il est donc essentiel de s’accorder sur une feuille de route commune ayant pour pierre angulaire la création de ce fonds national et des mesures des réparations holistiques. »
L’indifférence et l’inaction ont trop longtemps prévalues
« Je compte sur l’engagement et la ténacité des toutes les autorités concernées de la République Démocratique du Congo, des groupes de travail et de toutes les personnalités ici réunies pour établir ce fonds national et le rendre opérationnel dans le meilleur délai. L’indifférence et l’inactions ont trop longtemps prévalues, il est temps de mettre fin à cette tragédie humaine. Il n’y aura pas de paix durable sans justice et tant que les femmes victimes ne seront pas entendues par l’Etat et qu’elles ne seront pas associées pleinement à la construction de la paix et à la consolidation de la société. Je lance un appel à chacun d’entre vous, pour porter à bras le corps et à votre niveau, cet agenda commun autour des réparations. »
Ouvertes le 30 Mars, ces assises se sont clôturées par des recommandations, de la part des acteurs congolais, des acteurs de la société civile, du Mouvement national des survivant.e.s et autres participants.
Prisca Lokale