La fin de la Coalition FCC-CACH et ses impacts sur l’agenda Genre n’a pas laissé indifférente Julienne Lusenge, une figure de la défense des droits des femmes en RDC. Contactée par le Desk Femme de Actualite.cd, la présidente du conseil d’administration de Sofepadi et Directrice du Fonds pour les Femmes congolaises, appelle le Chef de l’Etat à corriger les injustices à l’égard des femmes.
« Aucun changement positif ne peut s'opérer dans une communauté sans la participation de toute sa population, surtout sans la catégorie de la population qui est majoritaire. », souligne Mme Lusenge dans un message récemment posté sur son compte Twitter.
Et d’ajouter, « Dans le monde et précisément en RDC, les femmes constituent une majorité des populations. Les pays qui ont expérimenté le partage des pouvoirs avec les femmes, la participation des femmes dans les différentes instances sociale, économique, et politique ont obtenu des meilleurs résultats. Il n'y aura aucun changement positif en RDC sans les femmes.»
Dans son discours à l’issue des consultations qui ont abouties à l’Union sacrée de la Nation, Félix Tshisekedi avait fait la promesse de corriger les excès du passé à travers notamment un rôle intense que les femmes et les jeunes devraient jouer dans les reformes qui seraient entreprises.
Julienne Lusenge pense que le moment est arrivé de passer à l’acte. « Le président de la République nous avait lui-même promis de corriger les injustices à l’égard des femmes. Et donc, nous pensons qu'il est temps de réaliser cette promesse et de faire participer la femme au développement du pays », a-t-elle souligné.
En 2020, lors de la célébration de la vingtième année de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, Julienne Lusenge avait précisé, dans une interview accordée à la rédaction Femme de ACTUALITE.CD que quelques progrès avaient été enregistrés en RDC en matière de genre.
Grace aux efforts de la ministre d’Etat, Béatrice Lomeya, le Plan d’Action National a été adopté au niveau du gouvernement. Cependant, il restait encore beaucoup à faire. Cela concerne notamment la place des femmes en politique, dans la gestion et la bonne gouvernance. Après la destitution de Jeanine Mabunda, la démission de Sylvestre Ilunkamba et tout son gouvernement composé d’environ 18 % de femmes, Julienne Lusenge lance un appel au respect de la parité, consacrée par la loi fondamentale.
« La constitution est claire ! Nous avons nous-mêmes opté pour la parité Homme-Femme. Mais alors, pourquoi souffre-t-elle encore d’application ? Pourquoi a-t-on adopté des textes qui pourrissent dans nos tiroirs sans être mis en œuvre ?" s'interroge-t-elle.
Et de poursuivre, "Il est temps que les injustices soient abolies et que les femmes et les hommes participent à l'Union Sacrée pour faire avancer le droit et le bien-être de nos communautés. Nous pourrions ainsi espérer atteindre les objectifs de développement durable à l'horizon 2030. Sans les femmes, sans la participation des jeunes, il n'y aura pas de changement."
Pour rappel, Sylvestre Ilunga Ilunkamba a déposé sa démission le vendredi 29 janvier auprès du Chef de l’Etat. Cela fait suite à la motion de censure votée par les députés nationaux. Alors que ses proches expliquaient qu’il ne compte pas démissionner, le Premier ministre l’a fait.
Prisca Lokale