Le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi prendra la présidence de l’Union Africaine au courant du mois de février. Cinquante quatre ans après le maréchal Mobutu Sese Seko, ce sera la deuxième fois qu'un président congolais préside cette organisation intergouvernementale. Un mandat qui soulève de nombreuses attentes. Faudrait-il espérer obtenir la pacification au cours de ce dernier? Quelles sont les dispositions à prendre ? Eléments de réponse avec Rebecca Kabuo, militante de La Lucha.
Pour réussir le pari du retour de la paix à l’est de la RDC, il faudrait renforcer le secteur des renseignements et celui des relations diplomatiques, estime Rebecca Kabuo. Elle s’explique:
« Nous apprenons tous les jours qu’il y a des incursions des groupes armés rwandais, ougandais sur notre territoire. La RDC ne peut connaitre de paix que si ses voisins y participent également. Il est important de mettre en place une commission mixte (RDC-OUGANDA) des militaires affectés au renseignement. Il faut aussi former ceux qui travaillent dans les services de renseignements sur les bases des relations diplomatiques et les mettre dans des bonnes conditions de travail et de vie. Ensuite, il faut envisager d’impliquer la population dans la recherche et le maintien de la paix à l’Est. De bons services de renseignements vont permettre d’avoir des pistes de solutions.»
Concernant les familles des militaires affectés dans la sécurité de cette partie du pays, Rebecca Kabuo suggère de songer à l’éducation des enfants des militaires et à la sécurité de leurs épouses.
Faire participer les femmes dans la recherche et le maintien de la paix
« Il est temps d’impliquer les femmes dans les questions sécuritaires. Elles doivent être formées et être impliquées à tous les niveaux de cette lutte pour le retour de la paix à l’Est. Que ce soit dans les services de renseignements ou dans les forums pour la paix et la sécurité », suggère l'activiste.
Ne pas impliquer des personnes citées dans le rapport Mapping
Au cours du mandat de Félix Tshisekedi à la tête de l’UA, Rebecca Kabugho propose également d’écarter toutes les personnes citées dans différents rapports internationaux, notamment le rapport Mapping.
« Toutes les personnes qui sont citées dans les massacres, dans les violations des droits de l’homme ou qui ont déjà travaillé dans le secteur de la sécurité à l’Est ne doivent pas être impliqués dans les nouvelles stratégies qui seront mises en place», propose-t-elle.
Avec de la volonté politique, on peut espérer la pacification de l’Est de la RDC
Pour conclure, Rebecca Kabuo appelle Félix Tshisekedi à faire de la RDC, le reflet de ce que deviendra l’Afrique sous son commandement.
« Tous les yeux sont braqués vers le Chef de l’Etat, aussi bien en tant que commandant suprême du pays que président de l’Union Africaine. La question de la paix est essentielle dans notre pays. Des nombreux aspects méritent d’être pris en compte. Avec de la volonté politique et l’amour des populations, il peut faire bouger les choses», a-t-elle dit.
Et d’ajouter:
« On ne peut pas vouloir de la paix et agir contre la paix. Nous avons été interpellés, le sang a coulé, les gens ont marché pour le retour de la paix à Beni mais rien ne change. Il est temps que la RDC devienne exactement le résultat du mandat du Chef de l’Etat à l’UA. Il (Félix Tshisekedi) prône la paix mais qu’en est-il des militants de la LUCHA maintenus en prison pour avoir protester contre l’insécurité à l’Est ? Que le Chef de l’Etat agisse ».
Pour rappel, le Département Paix et Sécurité (DSP) de l’Union Africaine soutient le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) dans l'exercice de ses responsabilités en vertu d’un protocole établi par le CPS. Il travaille dans la Prévention des conflits et alerte rapide, la gestion des crises et reconstruction post-conflit, la défense et la sécurité, ainsi que dans les opérations de soutien de la paix.
Prisca Lokale