RDC : au regard des leçons tirées du procès 100 jours, il y a nécessité de revoir certaines lois devenues obsolètes pour mieux lutter contre la corruption

De gauche à droite Jimmy Kande, Patrick Maki et Philippe Kayumba/Ph ACTUALITE.CD

Le média ACTUALITE.CD a organisé un café de presse, ce samedi 19 décembre à Kinshasa sur le thème : « leçons apprises de deux procès liés au programme de 100 jours ». Deux intervenants ont animé ce café de presse. Il s’agit de Philippe Kayumba, professeur de droit à l’université de Kinshasa et procureur à la Cour des Comptes ainsi que Jimmy Kande, coordonnateur pays du Réseau Panafricain de Lutte contre la Corruption (UNIS). 

Le rédacteur en Chef d'ACTUALITÉ.CD, Patrick MAKI, modérateur de cette activité, explique le bien-fondé du café de presse.

« Outre son travail quotidien d’informer, ACTUALITE.CD s'est donné une mission de lutter pour la bonne gouvernance à travers de débats citoyens, libres et démocratiques dans différents cadres. Nous avons une audience multicolore. C’est ce qui explique l’organisation de ce café de presse qui a pour but de promouvoir la bonne gouvernance dans le cadre de lutte contre la corruption. Le choix de ce thème : « lutte contre la corruption », revêt une importance capitale parce que les débats en RDC tournent plus autour de la corruption. Il y a par exemple, les dossiers Bukangalonzo, Passeport, Procès 100 jours… C’est dans ce sens que nous avons choisi de parler de la corruption », a-t-il expliqué.

Au cours de son intervention, Jimmy Kande a relevé le fait que la corruption continue à mieux se porter en RDC. Pour lui, le procès 100 jours comporte plusieurs irrégularités.  

« Pour un pays comme la RDC où la corruption est monnaie courante, les noms des personnes qui sont condamnées pour corruption sont à compter au bout des doigts. Donc, on se rend compte qu’il y a un paradoxe entre le taux de condamnation pour corruption et la corruption elle-même. Pour le procès 100 jours, il y a des gens qui sont intervenus comme témoins qui devraient normalement être convoqués comme complices », a-t-il déploré. 

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Par ailleurs, le professeur Philippe Kayumba a appelé à la mise en application des lois de la République et des mécanismes dégagés dans la convention des Nations Unies pour mieux lutter contre la corruption en RDC.

« Si nous aspirons à être dans un État de droits, il faudra que les lois de la République soient appliquées. C’est en ce moment que beaucoup de choses vont changer. La lutte contre la corruption n’est pas le fait d’un seul citoyen. C’est toute la population qui doit prendre conscience pour poursuivre la corruption. La convention de Nations Unies prévoit pour la lutte contre la corruption 3 mécanismes : 1. la prévention (la sensibilisation, l’éducation et la formation), 2. La détection (formation des gens qui doivent rechercher et poursuivre les auteurs des crimes), 3. La répression. C’est ce que nous devons appliquer », a dit le Pr. Philippe Kayumba. 

Dans la même veine, il a appelé à la réforme de quelques lois du pays dont le code pénal qui qui est devenu obsolète pour l’efficacité des lois du pays.

« Pour ce qui concerne les infractions de corruption, il faudra que les législateurs cessent de condamner au minimum er au maximum. On doit avoir une seule peine. Plutôt que l’on condamne de 1 an à 20 ans pour ce qui concerne le détournement des deniers publics. Et deux juridictions de la République pour la même prévention condamnent à 20 ans, dans l’une des juridictions. Et dans l’autre, elle condamne à 3 ans », a-t-il fait savoir. 

Une série de questions-réponses, entre journalistes et intervenants, a marqué la clôture de cette activité. Ce n'est pas la première ou la dernière activité du genre. D'autres thématiques axées notamment sur le détournement, la mégestion, la transparence et la redevabilité ont déjà été organisée par ACTUALITE.CD qui poursuivra sa campagne de sensibilisation pour la bonne gouvernance en RDC. 

Jordan MAYENIKINI