RDC : « Les discours du Chef de l’Etat n’ont pas rencontré les attentes de la population », Chantal Faida, activiste sociale

RDC : « Les discours du Chef de l’Etat n’ont pas rencontré les attentes de la population », Chantal Faida, activiste sociale. Photo. Droits tiers

Félix Tshisekedi s’est exprimé le 06 décembre, à l’issue des consultations menées au palais de la Nation. Le 14 décembre, il a tenu son discours annuel sur l’Etat de la Nation, devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès. Deux éléments reviennent: la fin de la coalition FCC-CACH et la nomination incessante d’un informateur, en vue de mettre en place un gouvernement d'Union sacrée. Pour Chantal Faida, activiste sociale, les réels besoins de la population demeurent pendants.

« Les discours du Chef de l’Etat n’a pas rencontré les attentes de la population. La population a soutenu le dialogue pour qu’il y ait amélioration de sa qualité de vie mais, le discours a été très politique et sans propositions de sortie de crise. Je pense qu’en ce moment nous allons vers une série de dissensions politiques alors que la population traverse une crise humanitaire, sanitaire et la situation à l’Est de la RDC ne fait qu'empirer, » fait savoir Chantal Faida, avant de donner un exemple concret, « une femme qui se retrouve dans un camp de réfugiés en Ituri n’a pas besoin de savoir si c’est Cach, Lamuka ou FCC qui est au pouvoir mais plutôt de vaquer librement à ses occupations, ses activités champêtres et envoyer son enfant à l’école. La population doit vivre décemment peu importe les conciliabules qui se passent entre politiques ». 

Le dimanche 06 décembre, dans son discours post-consultations, Félix Tshisekedi n’est pas resté uniquement sur la mission qui sera confiée à l’informateur. Il a anticipé l’éventualité de l’échec de cette mission et n’écarte pas l’option de dissoudre l’Assemblée nationale parce que, selon lui, les conditions sont réunies. 

"Pour le citoyen lambda, la dissolution ou non de l'Assemblée nationale ne constitue pas une solution", souligne l’activiste. Et de poursuivre, "la RDC a beaucoup de potentialités en termes de ressources naturelles et humaines,j pense que les questions sociales et sécuritaires devraient être priorisées en ce moment pour trouver des solutions aux problèmes des populations."

Quelles attitudes devraient adopter les élus qui ne sont pas de Cap pour changement (CACH) dans la voie vers l’Union Sacrée ?  Chantal Faida préconise une classe politique intègre. Pour elle, les générations passées en politique ont laissé des traces positives et négatives. Et donc, « Nous ne voulons pas vivre une corruption indescriptible. On ne peut pas requalifier une majorité sans élections. Il faudra trouver un mécanisme qui explique comment ceux qui ont été élus sur une liste X se retrouvent sur une liste Y sans qu’il y ait élection. Ils ont battu campagne avec les ressources d’un regroupement X et ils veulent travailler pour un autre regroupement. Les élus nationaux devraient avoir la grandeur d’esprit et la cohésion. En parlant d’une Union sacrée, le Chef de l’Etat a besoin de tout le monde. Nulle part au monde, on ne parle d’une Union qui exclut un groupe de personne. Sinon, ce n’est plus une Union, à fortiori sacré. »

C’est dans un climat de tension au sein de la coalition au pouvoir FCC-CACH que Félix Tshisekedi a tenu ces discours. La nomination de l’Informateur se fait attendre. Pendant ce temps, Jeanine Mabunda, première femme élue présidente de l’Assemblée Nationale et membre de Front Commun pour le Congo (FCC) a été destituée de son poste, à l’issue d’une pétition et d’un vote à la chambre basse du parlement. Les élus FCC brandissent des suspicions de corruption autour de cette déchéance. Le premier ministre, Sylvestre Ilunkamba poursuit normalement ses réunions avec son gouvernement.

Prisca Lokale