RDC : des Sages-femmes et infirmiers sollicitent l’amélioration de leurs services

RDC : des Sages-femmes et infirmiers sollicitent l’amélioration de leurs services

La célébration de l’année internationale de la Sage-femme et de l’infirmier a eu lieu ce 04 décembre à Kinshasa. Ils étaient au total 100 a être honorés pour leur dévouement et leur engagement en faveur du bien-être de la population congolaise. Un colis composé notamment d’un pagne de 6 yards et une médaille de mérite leur ont été remis.


Infirmière depuis une quarantaine d’années à l’hôpital général de référence de Kinshasa (ex Mama Yemo), c’était la première fois qu'Astrid Musimi assiste à une telle cérémonie « Je me suis engagée dans cette profession très jeune. Je n’ai jamais vu le gouvernement congolais organiser une telle activité en notre honneur. Je me demandais si le Congo allait aussi célébrer cette année qui nous est dédiée par l’OMS. Je suis très heureuse, » dit-elle. Et de poursuivre, « Nous sommes aux cotés des malades 24h/24.  Nous travaillons beaucoup mais, la rémunération n’est pas à la hauteur de notre charge de travail. Notre métier est très noble. Mais, nous avons l’impression d’être négligés en RDC. Que l’Etat congolais améliore nos conditions de vie et notre rémunération.»


« Je suis sage-femme depuis 20 ans. C’est un honneur et une fierté d’être reconnu par le gouvernement congolais et ses partenaires. Nous luttons chaque jour contre la mortalité maternelle et infantile en RDC. Il ne faudrait pas que cette reconnaissance soit un simple slogan. Nous voulons être effectivement affectés à nos différents postes de service. Que l’Etat congolais nous dote des moyens adéquats, des matériels et des structures qui répondent aux normes médicales internationales »  explique Claude, sage-femme, enseignant et clinicien à l’hôpital de la Midema à Matadi. 


En termes de rémunération, Lucie Ntete, Sage-femme au Centre Mère et Enfant de Bumbu donne des précisions, « Nous sommes des sages-femmes qualifiées. Que les autorités songent à la bonne organisation de nos structures. Nous touchons comme salaire maximal, environ 300.000 francs congolais (l'équivalent de 150 USD au taux actuel Ndlr). J’ai actuellement 47 ans de service », confie Lucie Ntete.


La députée nationale Solange Masumbuko Nyenyezi, a également pris part à cette cérémonie. Elle promet de s’impliquer pour le vote d’une loi organique de la corporation des sages-femmes. « Notre présence en ce lieu est une façon pour nous de nous impliquer pour la cause des sages-femmes et des infirmiers en RDC. Nous devons aujourd’hui mettre en place la loi qui organise la corporation des sages-femmes. Nous allons interpeller le ministre de la santé pour revoir ces secteurs. Nous allons voir quels sont les services au niveau du ministère de la santé qui doivent agir pour que leur situation soit améliorée. Ils ont été efficaces au cours de la maladie à virus Ebola, nous pensons également que sans eux, on ne s’en sortira pas de la Covid-19. Nous n’atteindrons nullement la couverture santé universelle », a affirmé Solange Masumbuko Nyenyezi.


A son tour, Eteni Longondo, Ministre de la santé en RDC, a reconnu les sacrifices consentis par les professionnels de la santé avant d’appeler à une action commune pour la promotion de leur travail.   
 « Chers infirmiers et sages-femmes, vous êtes des héros dans la prise en charge des populations dans la lutte contre la mortalité maternelle et infanto juvénile. Vos compétences et votre expérience dans l’accueil, le suivi, l’accompagnement et la prise en charge des populations, ne sont plus à démontrer. Vous êtes capables d’améliorer la santé de tous et partout en RDC » a dit le Ministre Eteni Longondo. Avant de « remercier vivement toutes les parties prenantes à l’organisation de cette grande journée de reconnaissance de ces deux professions. Ensemble, investissons dans la formation et la promotion des professions infirmières et des sages-femmes » 


Le représentant adjoint du Fonds des Nations Unies en RDC a révélé les statistiques sur la mortalité maternelle en RDC ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour lutter efficacement. « En République Démocratique du Congo, le taux de décès maternels se situe à 473 décès pour 100.000 naissances vivantes. Ceci témoigne d’une insuffisance aigue du personnel qualifié ainsi que des intrants et médicaments qui sauvent la vie des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés, ajoutée au manque des services de maternité adaptés. Les sages-femmes et infirmiers travaillent dans des conditions difficiles et sont peu ou non motivés » a souligné Victor Rakoto. 


Et d’ajouter « D’ici en 2022, l’UNFPA va étendre son appui aux formations des sages-femmes dans 7 nouvelles provinces de la RDC. A savoir, Lualaba, Kasaï, Kasaï Central, Tanganyika, Tshopo, Bas-Uele, Maniema. Aujourd’hui plus que jamais, nous réclamons des investissements plus importants pour accroitre le nombre des infirmiers et Sages-femmes, et améliorer la qualité et la couverture de leurs services. Un engagement politique résolu et un investissement pour ces professionnels de santé s’imposent pour sauver les vies des milliers de femmes, des nouveau-nés et des filles Congolaises »   


Amura L. Zynga, responsable de PBM Health, initiatrice de cette cérémonie a remercié tous les partenaires ainsi que le gouvernement d’avoir facilité la tenue de cette activité, avant de les inviter à partager un cocktail.

Prisca Lokale