RDC-Beni : Chantal Faida s’oppose à l’intégration des jeunes dans les Forces de sécurité 

RDC-Beni : Chantal Faida s’oppose à l’intégration des jeunes dans les Forces de sécurité 

Reçue par le Chef de l’Etat, dans le cadre de ses consultations, la Lucha a dressé une liste de proposition, insistant notamment sur le renforcement de la sécurité dans le territoire de Beni. Contactée ce 20 novembre par le Desk Femme de ACTUALITE.CD, Chantal Faida, membre de la Société civile a fait une analyse de quelques points évoqués par ce mouvement citoyen.


Dans son mémorandum, la Lucha propose à Félix Tshisekedi d’instaurer une police de proximité dans la ville et le territoire de Beni. Cette dernière serait constitués des jeunes qui connaissent bien le milieu et qui ont un intérêt immédiat dans la protection de leurs familles, leurs maisons/villages, et des biens de tous les citoyens.


“La question sécuritaire à Beni est très complexe. Dans ce cas, organiser le recrutement des jeunes originaires du milieu pour intégrer les forces de sécurité n'est pas l'idéale solution. Par contre, constituer les forces de sécurité des non-originaires, c’est-à-dire, recruter des jeunes issus d’autres provinces, qui n’ont pas de liens avec la population locale serait avantageux parce qu’ils vont servir sous le drapeau avec conscience patriotique. Il existe un rapport de la société civile qui démontre que 60% des rebelles ADF sont d'origine congolaise. Ce qui voudrait dire que si dans les forces de sécurité, il y a des originaires de Beni, ils seront confrontés à leurs propres frères lors des combats. Et ils seront tentés de choisir entre les frères et la patrie”, déclare Chantal Faida.


Une autre proposition concerne les officiers “criminels et affairistes” au sein des FARDC, de la police et de l’ANR. La Lucha propose de les écarter et de les mettre à la disposition de la justice afin qu’ils répondent de leurs actes. A ce sujet, Chantal Faida invite l’Etat congolais à identifier ces officiers mafieux, les sanctionner et les écarter du front mais aussi, de songer à envoyer des officiers intègres, dévoués à la patrie.
« Le pouvoir public devrait aussi faciliter le déploiement en urgence, de la ration, la logistique et autres besoins urgents des Forces de sécurité. Il faut également sanctionner des officiers réputés dans le détournement de ces éléments », ajoute Chantal Faida.


Enfin, la Lucha a proposé au Chef de l’Etat d’être plus exigeant envers la MONUSCO quant à sa performance au regard de son mandat et de mettre en œuvre un programme de démobilisation, désarmement et réinsertion basé sur les expériences du passé.


« C’est inacceptable qu’entre octobre 2019 et octobre 2020, on ait enregistré plus de 800 personnes tuées, plus de 100 personnes kidnappées pour la seule région de Beni et que cette question n’émeuve pas l’opinion congolaise et n’incite pas à une action urgente comme celle de déclarer l’état de guerre. Et pourtant, c’est reconnu dans l’article 85 de la Constitution. Nous nous retrouvons dans une situation où la nation est menacée au plus haut niveau. Mais là, les autorités politiques congolaises, à vrai dire le commandant suprême ne prend pas la mesure de la situation. C’est bien d’organiser des consultations pour la population mais si cette dernière se meurt tous les jours, qui est-ce que l’autorité va diriger ? », conclut Chantal Faida.

Activiste sociale basée à Goma (Nord-Kivu), Chantal Faida est coordinatrice nationale de Uwema Asbl œuvrant au Nord-Kivu et à Kinshasa dans le secteur socioéconomique et humanitaire. Elle est Directrice générale de RAC ASBL, présidente de la commission leadership et gouvernance de perspectives africaines, une organisation panafricaine œuvrant dans 18 pays africains. Économiste de formation, elle est également étudiante en master leader à la haute école de leadership Eco for leaders.

Prisca Lokale