Coordonnatrice de la fistula clinic à l’Hôpital Saint-Joseph de Kinshasa, le docteur Dolorès Nembunzu a reçu le 13 novembre, des mains de Sennen Hounton, un prix du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Cette récompense couronne ses efforts et son engagement dans l’élimination des fistules obstétricales en RDC.
« J’ai intégré ce secteur en 2003. Trois ans plus tard, j’ai commencé à opérer les fistules obstétricales. C’est également en 2006 que le fond des Nations Unies pour la population, représenté en ce temps-là par Sidiki Coulibaly, s’est intéressé à l’Hôpital Saint Joseph », a-t-elle fait savoir au Desk Femme de ACTUALITE.CD.
En 17 ans, elle estime avoir effectué plus de 2000 interventions chirurgicales réussies, dans la capitale en premier lieu ensuite dans quelques provinces. « A Kananga (Kasaï Central), j’ai opéré en tout 250 cas. A Isiro (chef-lieu de la province du Haut-Uele), j’ai opéré 50 cas. Et en site fixe, je suis dans les 2000 cas. Par année, en site fixe nous opérons environs 220 cas. Dans les sorties, nous atteignons plus de 400 cas pour une année », explique Dolorès Nembunzu.
L’un des avantages qu’elle reconnait, c’est de travailler dans un site soutenu par des partenaires tels que l’UNFPA et l’USAID. S’il y a quelque difficulté, cela concerne les patientes.
« La plus grande difficulté que nous connaissons », souligne-t-elle. « C’est la réinsertion des patientes après leur guérison. 87% de nos patientes viennent de l’intérieur du pays. Nous leur donnons un petit moyen de transport, et quelques outils nécessaires. Cependant la réinsertion pose toujours problème. »
Face aux cas qui se révèlent inopérables, la gynéco-obstétricienne pense qu’il est important d’avoir « une nouvelle structure dédiée à ces femmes ou d’avoir un appui financier pour leur prise en charge. Cela permettra de cerner les 3 aspects de cette maladie, à savoir ; la prévention, le traitement de la fistule, la réinsertion des femmes opérées, guéries ou non guéries. » Elle appelle par ailleurs le gouvernement, à travers les ministères des Affaires Sociales et celui du genre, de la famille et de l’Enfant à ouvrir un chapitre consacré exclusivement à la prise en charge des cas de fistules obstétricales.
Pour encourager les médias qui ont couvert les différentes activités menées durant son mandat, le docteur Sennen Hounton, représentant pays de l’UNFPA a également remis un prix de reconnaissance à Patricia Panzu, journaliste à B-One Télévision et présentatrice de l’émission de santé Check-Up.
Les mariages et les grossesses précoces sont les premières causes de la fistule obstétricale. Son éradication totale nécessite énormément des ressources à investir à la fois dans la prévention de cette maladie, la réparation et la réinsertion des femmes victimes.
Prisca Lokale