Interpellation de Tshala Muana : "l'ANR devrait éviter certains débordements en plein instauration de l’Etat de droit" (Léonnie Kandolo)

Tshala Muana. PH/ACTUALITE.CD

L’artiste chanteuse, danseuse et productrice congolaise,Tshala Muana a passé sa première nuit aux bureaux de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Cet évènement survient après son interpellation le lundi 17 novembre à son domicile à Kinshasa. Léonnie Kandolo, activiste et défenseur des droits humains réagit avec ferveur à cette arrestation.

Jusqu'à présent les motifs de cette interpellation restent inconnus. Cependant, une chanson paru récemment sur les réseaux sociaux, et dont Tshala Muana serait l'auteur, évoque l'histoire d'un partenaire "ingrat" qui décide de rompre avec son allié alors qu'il lui doit sa condition actuelle. La chanson s'intitule "Ingratitude".

« Il faudrait connaître les réels motifs de son arrestation,  si c'est uniquement pour cette chanson, je pense qu’il y a un excès de zèle  qui n'a pas lieu d'être de la part des services de l'ANR,» s’exclame Léonnie Kandolo.

Et de renchérir:

"Je pense aussi qu’on a beaucoup dramatisé cette situation, parce que la liberté d’expression et la présomption d’innocence existent. Les gens ont interprété, extrapolé ce morceau de Tshala Muana pour l'inculper. Et quand on est dans l’instauration d’un Etat de droit, on doit éviter certains débordements de la part de l’ANR. Ce dossier devrait à la limite ne pas faire objet d’une interpellation au niveau de l’office de renseignement. S’il devait trouver sa place, je pense qu’une personne aurait dû porter plainte. Il ne s’agit pas d’une atteinte à la sécurité de l’Etat comme tel."

Cette interpellation intervient dans une situation de crise au sein de la coalition au pouvoir FCC-CACH. Par ailleurs, l’activiste appelle les leaders d'opinion à la retenue et le discernement avant de s'exprimer sur la place publique. "C'est en même temps une leçon pour les hommes et les femmes publics qui doivent apprendre à gérer leurs prises de parole et peser les conséquences que cela peut entraîner. Il est vrai que nous sommes en démocratie mais la liberté d'expression doit tenir compte du respect que l'on doit à tous les citoyens. Le civisme c'est le respect des lois et le respect des autres. Cette interpellation n'est pas un bon signal de part et d'autre. Mais, ce serait un manque de sagesse et de discernement que de pouvoir s'exprimer sur une place publique dans une telle période et sans en évaluer les conséquences."


Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, dit "Mamu nationale" est originaire du Kasaï Occidental. Elle est âgée de plus de 60ans. C'est également une femme politique au sein du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), de l'ex-président de la RDC, Joseph Kabila Kabange. En 2006 et 2011, elle s'était illustrée dans des chansons de mobilisation au vote massif pour ce dernier.

Prisca Lokale