RDC : Les menaces contre Dismas Kitenge seraient liées à un “plaidoyer à l’occasion du déplacement d’un général impliqué dans les crimes commis à Kisangani entre 1999 et 2000”

Dismas Kitenge, président de l'ONG Lutus/Ph droits tiers

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, un partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a saisi Félix Tshisekedi au sujet des menaces d’hommes inconnus contre Dismas Kitenge, Président du groupe Lotus, une ONG de défense des droits humains à Kisangani (Tshopo) après un plaidoyer contre l’impunité. 

Pour l’observatoire, qui dit avoir été informé des sources fiables, ces menaces ont débuté depuis le 8 septembre après l’annonce d’une campagne de plaidoyer à l’occasion du déplacement d’un général impliqué dans des crimes commis à Kisangani. L’identité dudit responsable de l’armée n’est pas révélée. 

« Selon les informations reçues, depuis le 8 septembre 2020, M. Dismas Kitenge et sa famille sont la cible d’appels téléphoniques malveillants de la part d’un homme non identifié qui profère des menaces de mort et des injures à leur encontre. Ces menaces ont débuté le soir du 8 septembre 2020 par un appel anonyme, après que M. Kitenge a évoqué, lors d’une réunion avec le Ministre des droits humains la veille, une campagne de plaidoyer prévue à l’occasion du déplacement d’un général impliqué dans les crimes commis à Kisangani entre 1999 et 2000 », fait savoir l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme. 

Et de poursuivre : « Quelques jours plus tard, les appels malveillants ont recommencé, cette fois par le biais d’un numéro de téléphone identifiable. Lors de ces appels téléphoniques, une personne non identifiée a promis de tout faire pour éliminer M. Kitenge en raison de ses prises de position contre les autorités et personnalités publiques de RDC ».

En juin 2000, la ville de Kisangani était dévastée par la guerre dite de "six jours" qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise.

Dans son appel, l’Observatoire note également que depuis le 19 septembre dernier, M. Kitenge a saisi le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Kisangani d’une plainte contre inconnu menaces mais que rien n’est fait jusqu’ici.

« L’Observatoire appelle les autorités congolaises à mener une enquête indépendante, rigoureuse, impartiale et transparente sur ces menaces afin d’en identifier les responsables et de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial. L’Observatoire appelle également les autorités congolaises à prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité de M. Dismas Kitenge et de sa famille », insiste l’Observatoire.

Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a dénoncé ces menaces à l’endroit d’un défenseur des droits de l’homme. Ces menaces qui s'ajoutent à celles proférées contre le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege à cause de son plaidoyer incessant en faveur de la mise en oeuvre du rapport mapping et l’installation d’un tribunal spécial pour juger les auteurs des crimes graves commis au pays entre 1993 et 2003. 

Ainsi, au regard de cette situation, le BCNUDH rappelle la nécessité d’adopter la loi sur la protection des défenseurs des droits de l’homme.

Japhet Toko