Kasaï :  deux chefs coutumiers rivaux signent l'acte de paix à Kakenge 

En pleine cérémonie de la signature de l'acte de paix entre les deux Chefs coutumiers/Ph. ACTUALITE.CD

Les Chefs coutumiers Justin Kum Shakobe “Kuba” du groupement Mpianga Matadi  et Kalamba Dilondo “Kete” du groupement Tshiofua  en territoire de Mweka ont signé ce vendredi 10 juillet en présence du ministre provincial des relations communautaires et interprovinciales, Tedanga Ipota Bimbela, dans la cité de Kakenge, à 50 Kilomètres au nord de Mweka (Kasaï), un acte d'engagement et un pacte de paix mettant ainsi fin à un conflit sanglant qui les a opposés depuis trois ans et qui a fait des dizaines de morts, des déplacés et des destructions des villages.

Selon ychef Kum Shakobe, l'initiative de la réconciliation et de cessation de conflit remonte à la mi-juin 2020 sur conseils du gouverneur Pieme et la facilitation de l'ONG Action pour la paix et la Concorde (APC).

« Lors de mon récent séjour à Tshikapa dans le cadre d'un atelier organisé par l'APC sur la paix,  le gouverneur Dieudonné Pieme m'avait retenu au motif que je devais parler avec mon collègue Kalamba Dilondo qui traînait à Kinshasa. Lorsqu'il est arrivé,  nous nous sommes vus au bureau du gouverneur en présence du responsable de l'APC et la Monusco. Nous nous sommes réconciliés et avons pris l'engagement de ne plus recourir à la violence dans nos villages », explique au téléphone le Chef coutumier Shakobe.

Et d'ajouter: « ce qui s'est passé ce vendredi à Kakenge est historique. Devant nos populations respectives,  nous avons signé l'acte d'engagement et le pacte de paix. La joie était énorme dans la population ».

Sur la question de leur volonté à deux et leur sincérité à respecter l'acte d'engagement et à mettre en pratique le pacte de paix qu'ils ont signé,  le Chef Kum Shakobe reste évasif : « seul Dieu connaît le cœur de chacun de nous ».

Le pacte de paix prévoit outre la fin des hostilités, le retour des déplacés dans leurs villages respectifs.

Pour mémoire, le conflit entre les deux chefs coutumiers avait éclaté début 2018. Le chef Kalamba Dilondo des Kete qui tenait à étendre son pouvoir sur la cité de Kakenge,  avait fait recours aux miliciens Kamuina Nsapu conduits par un certain Moïse Beya Tshiombe actif dans le territoire voisin de Demba (Kasaï Central)  pour attaquer le Chef Kum Shakobe des Kuba de qui dépend la cité de Kakenge. 

Les affrontements avaient fait,  selon le décompte de certaines organisations non gouvernementales, 31 morts et plusieurs villages incendiés et des centaines de populations déplacées. Outre ce bilan,  les observateurs redoutaient un conflit plus meurtrier entre les communautés Kuba, Kete et Lubaphone dans une zone où des différends des limites opposent le Kasaï et le Kasaï Central sur fond d'ambitions politiques.

Sosthène Kambidi