RDC-Beni : les combattants ADF coincés près de la RN4 se seraient retournés dans le secteur Ruwenzori, affirme Mbusa Nyamwisi

Photo ACTUALITE.CD.

Les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) semblent étendre les violences dans des zones dans la région de Beni (Nord-Kivu) voire de l’Ituri. C’est le cas du secteur Ruwenzori qui était considéré comme “zone sécu” malgré les violences des rebelles qui sévissent depuis plus de 5 ans dans cette partie du pays. Pour Mbusa Nyamwisi, ancien chef de la rébellion du RCD/KML, les combattants se sont retrouvés coincés par l’armée congolaise près de la RN4 (Ouest de Oicha) et se seraient retranchés dans le secteur de Ruwenzori (Est).

Une soixantaine de civils ont été tués dans le Ruwenzori depuis février dernier. L'ex chef rebelle parle d’une guerre “d’intelligence” qui se développe dans la région et qui nécessite une analyse de toutes les thèses possibles. 

"Au regard du contexte du déclenchement des opérations militaires de grande envergure on pourrait affirmer que l’ennemi se serait senti coincé du côté Ouest de la Nationale N°4, raison pour laquelle il se serait retourné vers la partie Est, c’est-à-dire dans le secteur Ruwenzori. Cette thèse ne se vérifie pas ou reste à approfondir puisque la guerre que nous connaissons à Beni et même dans l’Ituri est sans nul doute une guerre d’intelligence dans laquelle toutes les thèses sont à analyser profondément afin de comprendre si elles sont réellement expliquées par ce qui saute d’emblé aux yeux. Mais, il est clair que certaines parties qui étaient touchées ne le sont presque plus et celles qui ne l’étaient pas tellement le sont maintenant assez.”, a déclaré à ACTUALITE.CD Mbusa Nyamwisi.

Dans le Ruwenzori, les localités le plus touchées par les attaques sont Halungupa, Loselose, Mighende, Bahatsa et Makisabo où un casque bleu indonésien a récemment perdu la vie dans une attaque.

En raison des pressions militaires, les combattants ont multiplié les attaques dans plusieurs locales autour ou près de la cité d’Oicha et dans la province de l’Ituri.

“D’ailleurs, nous déplorons encore aujourd’hui plusieurs morts à Mukoko, dans la collectivité de Mbau-Batangi. Les massacres se sont intensifiés du côté de Maimoya, Kokola, Opira, Opira, Ndalia (dans le territoire d’Irumu en Province de l’Ituri) jusqu’à aller plus loin dans cette province de l’Ituri notamment à Boga, Djugu… à telle enseigne que la ville de Bunia est presque encerclée. Le mode opératoire de ces criminels est pratiquement le même que ce soit en Province du Nord-Kivu ou en Province de l’Ituri. Ces tueurs dont nombreux ont même été capturés par l’armée congolaise doivent non seulement être détruits mais doivent l’être totalement.”, a expliqué M. Nyamwisi.

Dans l’est du secteur Ruwenzori, le président du RCD/KML, en plus des attaques violentes, révèle que les combattants s’adonnent au pillage notamment de Cacao.

“C’est ainsi que ces criminels ont mené plusieurs attaques à Halungupa et dans d’autres endroits au pied du Mont Ruwenzori notamment à Kinyamboghoro et environs où, en plus d’actes criminels notamment d’assassinats collectifs des civils, ils se livrent également au pillage du Cacao abandonné dans des champs par leurs propriétaires qui ne peuvent plus continuer à travailler suite à cette grande insécurité qui est finalement devenue une véritable boucherie humaine.", déplore-t-il. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires OCHA, 8 500 ménages déplacés sont enregistrés à Mutwanga, dans le secteur de Ruwenzori depuis le début des attaques armées dans cette partie de Beni.

Par ailleurs, le baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un projet cogéré par Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), rapporte que depuis mars dernier, un nouveau groupe opère dans la zone de Mwenda (secteur Ruwenzori), à 9 kilomètres au Nord-ouest de Mutwanga. Les membres dudit groupe sont identifiés comme miliciens “Tasuvanyuma”.

Malgré la conquête des nombreux bastions ADF dont Lahe, Mwalika, Medina et Wold Space”, l’armée reconnaît que les violences n’ont pas cessé dans la région et que les opérations “d’envergure” qu’elle a lancées fin octobre 2019 se poursuivent. 

 

Yassin Kombi